Eglises d'Asie

A la veille des célébrations du 30 avril 2000, les autorités ont intensifié leur pression sur les milieux du bouddhisme unifié

Publié le 18/03/2010




Dans la semaine qui a précédé les fêtes du 25e anniversaire de la “libération » de Saigon, la police de Hô Chi Minh-Ville et du Centre-Vietnam a mené un certain nombre d’opérations visant des personnalités religieuses des pagodes se réclamant du bouddhisme unifié. Beaucoup de ces interventions ont eu lieu au cours de la nuit et, selon les sources bouddhistes, semblaient faire partie d’un plan prémédité d’intimidation destiné à déstabiliser les milieux bouddhistes refusant de s’aligner sur les postions de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, patronnée par les autorités du Front patriotique.

A la pagode de Thanh Minh Thiên Viên où réside le vénérable Thich Quang Dô, recteur de l’Institut de propagation du Dharma, c’est à minuit que la police s’est présentée, le 23 avril, pour vérifier les certificats de résidence (Khâu). Après avoir été invités à revenir durant la journée, la loi ne permettant pas les perquisitions nocturnes, les policiers ont cependant continué de frapper à la porte jusqu’à deux heures du matin. Le lendemain un certain nombre de fonctionnaires du Front patriotique et des Affaires religieuses sont venus rencontrer le religieux et, au cours d’une conversation fort courtoise, l’ont invité à consacrer ses forces à ses recherches érudites et à abandonner son opposition au gouvernement. La semaine précédente, le supérieur de la pagode avait été soumis à deux interrogatoires au cours desquels il lui avait été demandé de vider son établissement de tous ceux qui y résidaient à l’exception du vénérable Thich Quang Dô et de lui-même, ce à quoi le religieux s’était énergiquement refusé.

Le lendemain, 24 avril, dans l’arrondissement de Go Vâp à la pagode Gia Lam où réside le vénérable Thich Tuê Sy, libéré de prison en septembre 1998 après 10 ans de détention, aujourd’hui secrétaire général de l’Institut de propagation de la foi, une perquisition a eu lieu à 11 heures du soir.

Dans l’après-midi du 25 avril, les vénérables Thich Không Tanh et Thich Quang Huê ont été appréhendés à l’embarcadère du bac de Thu Tiêm, par une troupe de cinquante policiers, alors qu’ils revenaient à leur pagode, la pagode de Liên Tri à Thu Duc. La population du voisinage ayant tenté de protéger les deux religieux, la situation est devenue confuse et le vénérable Thich Không Tanh frappé à la matraque électrique s’est évanoui. Les deux religieux furent d’abord amenés au poste de Thu Tiêm. Thich Quang Huê fut renvoyé à son monastère après un interrogatoire. Quant au vénérable Thich Không Tanh, il fut amené dans la commune de An Khanh où il fut encore victime de deux évanouissements successifs. Il fut ensuite mis en présence d’une espèce de jury populaire comprenant un certain nombre d’autorités locales ainsi qu’une cinquantaine de prétendus fidèles bouddhistes de la pagode de Liên Tri, non reconnus comme tels par l’intéressé. Au religieux qui revenait d’une mission d’assistance dans le Centre-Vietnam, il fut reproché d’avoir accompli cette tournée sans permission. Il fut également question d’une requête signée de 19 signatures de soi-disant fidèles de la pagode de Liên Tri qui, au début de l’année, avait demandé aux autorités civiles que le religieux soit chassé de la pagode à cause de la perturbation qu’il y amenait. Les débats du tribunal populaire ont duré jusqu’à 23 h 30, heure où le religieux put rejoindre son monastère. Le surlendemain, à la police venue le chercher pour un interrogatoire, le religieux a fait répondre que son état de santé ne lui permettait pas d’accepter cette invitation.

Par ailleurs, un certain nombre de responsables du mouvement de jeunesse bouddhiste, La famille bouddhiste dans le Quang Nam, ont été inquiétés par la police au cours de ces derniers mois. L’un d’entre eux, ayant conduit une délégation du mouvement rendre visite au patriarche Thich Huyên Quang, en résidence surveillée à Nghia Hanh, le 16 février dernier, il a été soumis à deux jours d’interrogatoires harassants jusqu’à ce qu’il remette à la police un certain nombre de documents de l’Eglise bouddhiste unifiée, accompagnés d’une déclaration signée de lui déclarant regretter d’avoir lu et conservé de tels textes.