Eglises d'Asie – Singapour
L’Eglise catholique à Singapour est rappelée à son devoir d’aide envers les migrants
Publié le 18/03/2010
Anthony Rogers, frère des Ecoles chrétiennes et secrétaire du Bureau de développement humain de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie, a interpellé les participants à ce colloque en ces termes : “Peut–on laisser les migrants seuls et sans défense, à la merci de leurs employeurs ou des agences de recrutement ? Comment les aidons–nous à défendre leurs droits inaliénables d’hommes et de femmes ? Comment pouvons–nous, en toute bonne conscience chrétienne, permettre qu’ils soient trompés et exploités ? »
Les cas d’exploitation ne sont pas limités à Singapour. Selon Frère Rogers, la Malaisie voisine et Taiwan sont également concernés. En Malaisie, a-t-il poursuivi, l’Eglise mène des campagnes d’information afin de sensibiliser les migrants et leurs employeurs aux droits des premiers, en particulier le droit à disposer d’un jour de repos hebdomadaire et à conserver son passeport. “Mener de telles campagnes permet d’établir un lien entre les droits individuels des migrants et la conscience de ces droits au sein de la paroisse car nombreux sont les fidèles qui, eux aussi, emploient à domicile des travailleurs étrangers », a-t-il précisé. Pour conclure, Frère Rogers a déclaré que la pastorale des migrants ne peut se résumer à donner de l’argent : “L’Eglise est appelée à cheminer aux côtés des migrants ».
Le révérend Yap Kim Hao, évêque à la retraite de l’Eglise méthodiste à Singapour, s’est fait l’écho des propos de Frère Rogers. “La pastorale des migrants (.) va au–delà de la seule dimension spirituelle. Les gens ne sont pas disposés à entendre et à accepter la Bonne Nouvelle lorsqu’ils ont faim », a-t-il déclaré au cours d’une intervention intitulée “L’accueil de l’étranger, signe de civilisation : de l’hostilité à l’hospitalité ». Pour Sour Hazel Suarez, de nationalité philippine, de la communauté du Cénacle et conseiller spirituel de la communauté catholique philippine de Singapour, l’Eglise doit encourager les employées de maison qui travaillent à l’étranger à dire à leur famille la vraie réalité des conditions de travail qui sont les leurs. Selon son expérience, malgré des salaires très bas, de nombreuses Philippines, employées de maison à Singapour, se saignent aux quatre veines pour envoyer le maximum d’argent à leur famille restée aux Philippines et taisent des conditions de travail parfois pénibles.
A Singapour, les conditions de travail des employées de maison (dont quelque 60 000 Philippines) ne sont pas régies par les lois du travail mais par des décrets administratifs qui, dans les faits, rendent très précaire la situation de ces femmes. Dans les années 1980, l’Eglise catholique de Singapour avait ouvert un centre afin d’aider les travailleurs étrangers mais avait été obligée de le fermer quelques années plus tard, en 1987 (21).