Eglises d'Asie – Taiwan
Matsu, déesse de la mer, est au centre du premier contact officiel direct pour motifs religieux entre Taiwan et la Chine continentale
Publié le 18/03/2010
Bien que les relations de caractère religieux se soient multipliées depuis 1987, date à laquelle le gouvernement taiwanais a autorisé ses ressortissants à se rendre sur le continent chinois (25), ce pèlerinage à caractère religieux sera le premier à profiter de la nouvelle loi votée par le parlement taiwanais le 21 mars dernier, trois jours après la victoire aux élections présidentielles de Chen Shui-bian. Cette loi, intitulée “Loi sur les infrastructures des îles périphériques », a mis un terme à l’interdiction de tout contact direct entre Taiwan et le continent chinois, interdiction édictée en 1949 par le Kouomintang réfugié à Taiwan.
La nouvelle loi autorise les contacts directs (de nature commerciale, postale et en matière de transport) entre les îles de Kinmen, Matsu et Penghu – pour la partie taiwanaise – et Xiamen et Mawei – pour la partie continentale -. Jusqu’à présent, tous les voyageurs entre Taiwan et le continent devaient transiter par Hongkong, Macao ou un pays tiers. Cette possibilité de lien direct ramènera le temps de voyage par mer des pèlerins taiwanais à trois heures (ils devaient compter seize de voyage auparavant pour se rendre sur l’île de Meizhou, en transitant par les îles Ryukyu japonaises, au nord-est de Taiwan).
Matsu, la déesse tutélaire de nombreux pêcheurs chinois, est l’une des divinités les plus populaires de Taiwan. Son culte fut introduit dans l’île par les premiers immigrants chinois, il y a plusieurs siècles, et deux mille temples environ lui sont aujourd’hui dédiés à Taiwan. Chaque année, depuis 1987, des centaines de milliers de Taiwanais se rendent en pèlerinage à Meizhou, le lieu de naissance légendaire de la déesse. En 1997, durant une centaine de jours, deux très anciennes statues de la déesse, normalement installées à Meizhou, ont visité les principaux temples de l’île nationaliste (26). Récemment, une forêt de stèles a été érigée sur une colline de Meizhou pour vénérer Matsu ainsi que pour promouvoir la paix et l’unité entre les Chinois des deux rives du détroit de Formose, Matsu étant aussi révérée comme “la déesse de la paix ».
Il est estimé qu’à travers le monde, Matsu est vénérée par 200 millions de fidèles et que 4 000 temples lui sont dédiés. A Taiwan, 16 millions de personnes lui rendent un culte.