Eglises d'Asie

Moluques : à Amboine, une nouvelle émeute d’origine inter-confessionnelle éclate quelques jours après la visite de la vice-présidente de l’Indonésie

Publié le 18/03/2010




Une nouvelle émeute d’origine confessionnelle a éclaté à Amboine, la capitale des Moluques, quelques jours après la visite de la vice-présidente, Megawati Sukarnoputri, qui se voulait pourtant messagère de réconciliation et de paix. Les violences ont éclaté le 30 avril dans le district de Mardika, là même où avait débuté, 15 mois plus tôt, le conflit qui devait s’étendre à toute la province des Moluques et dresser l’une contre l’autre les communautés chrétienne et musulmane (14).

Selon le Suara Pembaruan (La Voix du renouveau) d’inspiration protestante et le Jakarta Post, six personnes sont mortes et 50 autres ont été blessés, le 30 avril, quand les forces de l’ordre ont ouvert le feu pour séparer les émeutiers, à la limite des deux districts de Batu Merah et de Mardika. Au moins quatre maisons ont été incendiées à Mardika, quartier à majorité chrétienne. Les assaillants étaient pourvus d’armes hétéroclites et de cocktails Molotov. Selon la presse locale, cette dernière attaque était la deuxième en moins d’une semaine après celle du 28 qui avait déjà fait au moins trois morts quand des émeutiers avaient jeté une bombe sur un bateau à Benteng Gudang Arang. La tension est retombée après que l’armée eut réussi à faire respecter le couvre-feu en vigueur.

D’après la Commission nationale des droits de l’homme, ce long conflit a coûté la vie à 2 470 personnes et blessé 2 835 autres depuis le début des hostilités. Citant les résultats des recherches menées par une sous-commision chargée d’enquêter sur ces violences et de tenter une médiation entre les parties adverses, 1 416 maisons et 191 lieux de cultes ont été incendiés. Dans un communiqué du 17 avril, la même commission a déclaré que ce conflit est dû en partie à l’incompétence du gouvernement, au manque de coordination entre les services de sécurité et à l’incapacité des responsables à mener à bien une action légale contre les provocateurs. Ce même communiqué suggère que le gouvernement mette sur pied un organisme de coordination comprenant des représentants du gouvernement et des organisations non-gouvernementales qui étudierait une solution globale au conflit des Moluques. La solution, dit le communiqué doit pouvoir assurer la sécurité de la population par un retour à l’ordre et à la paix. Le problème des réfugiés doit déboucher sur une réinsertion sociale, privilégiant surtout l’éducation et l’hygiène. La commission demande avec insistance au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour réfréner la violence et faire en sorte que les conflits ne puissent resurgir. Des efforts doivent être faits pour créer une situation stable à Amboine puisque la capitale fait office de baromètre de la stabilité pour toute la province. Enfin, il est demandé au gouvernement fédéral de faire en sorte que les autorités locales recommencent à fonctionner et assurent normalement l’administration, la justice et l’application de la loi.