Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : à Tual, les catholiques ont pu fêter Pâques dans le calme
Publié le 18/03/2010
Un responsable laïc, Carolus Naraha, a souligné combien il avait senti la différence entre ces fêtes pascales de l’an 2000 et celles de l’année précédente. En 1999, a-t-il témoigné, les catholiques n’avaient pas célébré la semaine sainte dans la paroisse parce que tous s’étaient réfugiés dans la forêt ou dans quelques endroits sûrs pour échapper aux émeutiers. Les conflits entre musulmans et chrétiens d’Amboine, commencés à la mi-janvier 1999, avaient touché Tual en mars, atteignant leur paroxysme peu avant la semaine Sainte.
Le P. Gino Farneubun, responsable du doyenné des îles Kei-Aru mais résidant à Tual, a, de son côté, rappelé que la semaine sainte 1999 avait été marquée par une très grande tension. Les catholiques de Tual s’étaient réfugiés à Langur et ceux des deux autres paroisses, dans la forêt. Personne n’avait pu venir à l’église. Le P. Andy Rahawarin, prêtre de la paroisse St Joseph sur l’île de Key Kecil, a raconte que durant cette semaine Sainte 1999, les paroissiens étaient venus à l’église armés de lances, de machettes et de fusils. « Beaucoup de jeunes étaient venus vêtus seulement d’un T–shirt, des machettes pendues à la ceinture, des arcs et des flèches à l’épaule, une lance à chaque main ». Hors la vigile pascale, aucun homme adulte n’était présent aux offices qui tous avaient été célébrés l’après-midi, et non de nuit. Beaucoup de paroissiens se souviennent de l’atmosphère de guerre qui régnait alors. « Pendant la messe nous pouvions entendre les coups de feu, l’explosion des cocktails Molotov, les cris et les hurlements des gens dans la rue », se rappellent certains.
Se souvenant de l’effroyable situation de l’année précédente, beaucoup de paroissiens ont été heureux d’avouer combien ils avaient goûté la joie des fêtes pascales de cette année, de l’atmosphère apaisée de la vigile pascale en particulier. « Cette année, c’est comme si nous avions été en Galilée il y a 2000 ans », s’est exclamé Naraha, responsable de la paroisse de Watraan dont tous les paroissiens, l’an dernier à la même époque, avaient fui dans la forêt.