Eglises d'Asie

Tout en invitant le Premier ministre aux fêtes de clôture de l’année jubilaire, les évêques catholiques indiens lui font part de leurs doléances

Publié le 18/03/2010




Lors de leur rencontre avec le Premier ministre Atal Behari Vajpayee, le 6 mai dernier, les six membres de la délégation épiscopale conduite par Mgr Alan de Lastic, président de la Conférence épiscopale, s’étaient proposé deux objectifs. Le premier et principal motif de leur visite était de transmettre au chef du gouvernement une invitation à venir participer comme hôte d’honneur à la cérémonie de clôture de l’année jubilaire 2000, le 24 septembre 2000, un événement d’une grande importance aux yeux des évêques, aussi bien pour l’Eglise que pour la nation indienne. En second lieu, accessoirement, les évêques désiraient faire part au Premier ministre, qui est aussi le chef d’un parti hindouiste nationaliste, de leur inquiétude concernant la persistance des agressions dirigées contre les chrétiens de l’Inde.

Après que Mgr de Lastic lui eut présenté la cérémonie jubilaire à laquelle, selon les prévisions, participeront plus de 300 000 personnes, le Premier ministre indien a accepté l’invitation des évêques, à condition, a-t-il précisé, qu’elle ne coïncide pas avec une réunion des Nations Unies qui aura lieu à cette même époque. Commentant cette acceptation après la rencontre, l’archevêque a souligné que la présence du chef du gouvernement aux fêtes de clôture serait une forme de reconnaissance du travail accompli par l’Eglise dans les domaines de l’éducation, du développement rural et des soins de santé, d’autant plus que, ce jour-là, les chrétiens réaffirmeront leur engagement au service de la nation. D’autres responsables au sein de la Conférence épiscopale ont encore fait remarquer que l’agrément du chef du gouvernement avait d’autant plus de signification qu’il était accordé dans le contexte actuel de la multiplication des attaques hindoues contre les chrétiens.

L’invitation aux fêtes jubilaires a, en effet, été accompagnée de la présentation des doléances des évêques. Celles-ci étaient exprimées dans une lettre qu’ils ont remise en mains propres à leur hôte. Les évêques n’ont pas caché la déception éprouvée par eux en constatant que les attaques contre les chrétiens persistaient et se multipliaient, malgré les sentiments d’inquiétude exprimés à ce sujet par le chef du gouvernement, quelques semaines auparavant. Le texte remis au Premier ministre contenait le compte-rendu détaillé des exactions commises contre les diverses communautés chrétiennes. Depuis le mois de janvier 2000, plus de trente incidents ont été rapportés en diverses régions du pays, plus particulièrement dans la partie septentrionale de l’Inde où l’hindouisme est le plus influent. L’Etat de Gujarat, à l’ouest du pays, qui avait connu 80 incidents graves au cours des deux années écoulées, a été le théâtre de nouvelles agressions de missionnaires durant la première semaine du mois de mai. Des établissements chrétiens ont fait l’objet d’actes de vandalisme, des prêtres et des religieuses ont subi de mauvais traitements, des lieux de cultes ont été profanés. De petits groupes continuent de mener une campagne de haine à travers des pamphlets calomniant gravement le christianisme et les missionnaires.

La lettre, après avoir noté la persistance des attaques, demande que, pour chaque cas, il soit procédé à une enquête rigoureuse. Le Premier ministre est appelé à donner à l’administration fédérale ou régionale l’ordre d’assurer la sécurité des travailleurs chrétiens sans défense. Des mesures préventives devraient être immédiatement prises. Les signataires de ce texte font aussi remarquer que beaucoup de religieuses et de travailleurs chrétiens dans les régions rurales collaborent à l’édification de la nation et que s’attaquer à eux c’est faire une ouvre anti-nationale.