Eglises d'Asie

Une maison d’éditions créée par le gouvernement aura le monopole de la publication des ouvrages religieux

Publié le 18/03/2010




Le temps qui passe fait mesurer l’importance de la directive du bureau politique sur la religion, publiée le 2 juillet 1988 (29), unique document de ce type émis par cette instance jusqu’à ce jour. Toutes les grandes interventions de l’Etat en matière religieuse qui ont marqué ces deux dernières années y avaient été déjà programmées. Le texte prévoyait que le gouvernement apporterait des compléments aux arrêtés réglementant les activités religieuses, ce qui fut fait avec la publication de la directive n°26/199/ND-CP qui parut huit mois plus tard, le 19 avril 1999 (30), et de la lettre d’application 01/1999TT/TGCP de juillet 1999 (31). Il était aussi annoncé que “le Gouvernement ferait connaître un projet de création d’une maison d’édition pour la publication de livres de prières et d’ouvrages culturels des religions et la parution d’une revue destinée aux études religieuses, à l’orientation et au recyclage en ce domaine Le premier numéro de la Revue d’études religieuses a paru le 2 juillet 1999 (32). C’est maintenant au tour de la Maison d’éditions religieuses du gouvernement de s’afficher au grand jour.

Dans une interview accordée à Catholicisme et nation (33), l’organe du Comité d’union du catholicisme à Hô Chi Minh-Ville, M. Pham Ngoc Châu, sans toutefois nous informer de la date exacte de sa création, signale l’existence d’une Maison gouvernementale des éditions religieuses, dont il s’est vu confier la responsabilité. Après avoir énuméré les décrets du Ministère de la Culture et du Bureau des Affaires religieuses légitimant la naissance du nouvel établissement, le fonctionnaire en énumère les objectifs. Il a pour fonction d’éditer deux catégories fort différentes de livres religieux.

En premier lieu, on y trouvera les livres canoniques (kinh sach) et les ouvres purement religieuses » des auteurs et des organisations religieuses dont les activités sont autorisées par l’Etat. Pour illustrer cette catégorie de livres, Catholicisme et nation, montre des fac-similés des couvertures d’un certain nombre d’ouvrages déjà parus dans cette maison d’éditions. On peut y reconnaître un livre de Mgr Bui Tuân, évêque de Long Xuyên, et du Père Ngô Phuc Hâu, auteur du Journal de Jésus. Selon le responsable de la maison d’Editions religieuses, celle-ci aurait déjà fait paraître 120 titres de livres appartenant à cette première catégorie. Pour l’année 2000, de nombreux livres canoniques vont être publiés, les écritures bouddhistes, l’Ancien et le Nouveau Testaments, le Coran ainsi que les écrits prophétiques du fondateur du bouddhisme hoa hao, Huynh Phu So. La deuxième catégorie comporte des ouvrages diffusant et inculquant (giao duc) la législation, les positons et la ligne politique du Parti et de l’Etat en matière religieuse. Le nouvel établissement aura également le monopole de l’édition pour ce qui concerne toutes les autres publications d’ordre religieux, à savoir les images, les photographies, les calendriers, les disques compacts, les bandes magnétiques, etc.

Un certain nombre de raisons explique le retard pris aujourd’hui par les éditions religieuses du gouvernement dans la publication de nouveaux livres. M. Hâu a expliqué que son équipe, dont il reconnaît l’inexpérience, s’était vu imposé un surcroît de travail par la fermeture, cette année, des trois maisons d’éditions de Hanoi, Huê et Hô Chi Minh-Ville qui, jusque-là publiaient et diffusaient la littérature religieuse. Le fonctionnaire gouvernemental a laissé entendre que les nombreux contacts qu’il devait entretenir avec le bureau des Affaires religieuses et d’autres instances concernant le contenu des livres et le jugement à porter sur eux, lui imposait de très sérieux retard à la production.

Jusqu’à présent, on ne connaît pas de réactions officielles de la hiérarchie catholique à cet égard. Mais ont sait que plusieurs fois, dans les requêtes envoyées aux plus hautes autorités de l’Etat à l’issue de leur réunion annuelle, les évêques ont souhaité pouvoir créer et faire fonctionner, eux-mêmes, une maison d’éditions chargée de l’impression et de la diffusion des divers ouvrages religieux.