Eglises d'Asie

A l’aide d’un financement sud-coréen et sous le strict contrôle des autorités nord-coréennes, l’unique séminaire protestant de Corée du Nord va rouvrir ses portes

Publié le 18/03/2010




Selon des informations fournies par l’Eglise méthodiste en Corée du Sud, l’unique séminaire protestant de Corée du Nord va rouvrir ses portes en septembre prochain grâce à un financement sud-coréen. La Fédération chrétienne nord-coréenne, placée sous l’étroit contrôle du Parti communiste, se réserve le choix des séminaristes et du contenu des enseignements dispensés dans ce séminaire situé à Pyongyang, dans les bâtiments même de la Fédération ; l’Eglise méthodiste apportera un total de 600 000 dollars US sur trois ans tout en prenant « part à la gestion du séminaire » et enverra certains de ses membres donner des « consultations » sur place, a-t-on appris par le biais d’un communiqué de l’Eglise méthodiste (sud) coréenne. « Grâce à cette aide, nous espérons promouvoir le christianisme en Corée du Nord », a déclaré le 24 mai le révérend Eun Hi-gon, secrétaire général de la Conférence annuelle de l’Eglise méthodiste coréenne.

Ce séminaire protestant de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, avait été ouvert en 1972 par la Fédération chrétienne nord coréenne puis fermé en 1995 pour des raisons financières, la Corée du Nord commençant alors à s’enfoncer dans la grave crise économique qui prévaut aujourd’hui encore. Avant sa fermeture en 1995, ce séminaire avait formé une soixantaine d’étudiants environ, dont le révérend Kang Yong-sop, l’actuel président de la Fédération chrétienne nord coréenne. Le révérend Kang est le fils de feu le révérend Kang Ryang-uk, fondateur dans les années 1940 de cette Fédération et, ce dernier était l’oncle maternel de Kim Il-sung, père de Kim Jong-il, actuel dirigeant de la Corée du Nord.

Selon les informations dont nous disposons, les protestants en Corée du Nord disposent de quelques pasteurs ; deux temples sont en activité à Pyongyang et on compterait quelque 500 « églises domestiques ». L’Eglise catholique quant à elle ne dispose que d’une seule église, à Pyongyang ; on ne connaît aucun prêtre au service d’éventuels fidèles. Dans sa Constitution, révisée en 1972, la Corée du Nord reconnaît à son peuple « la liberté de foi » ainsi que « la liberté (de propager) la propagande antireligieuse » (12).

Alors que les présidents des deux Corée doivent se rencontrer à Pyongyang pour un sommet historique les 12, 13 et 14 juin prochain (13) et que les Lois sur la sécurité nationale en Corée du Sud régissent les contacts que des Sud-Coréens pourraient entretenir avec la Corée du Nord, un tel accord entre l’Eglise méthodiste sud coréenne et la Fédération chrétienne nord coréenne n’a bien entendu pu se faire qu’avec l’assentiment des autorités de Séoul. Selon un porte-parole du ministère (sud coréen) de l’Unification, ce projet, soumis en avril pour autorisation, a été approuvé dans l’espoir que « des échanges religieux continus contribueront à la réconciliation et à l’unité nationale ».

Selon le révérend Eun Hi-gon, depuis 1994, l’Eglise méthodiste sud coréenne envoie en Corée du Nord une aide alimentaire et des équipements médicaux.