Eglises d'Asie

Deux prisonniers de conscience chrétiens ont bénéficié de la dernière amnistie

Publié le 18/03/2010




Selon l’agence Associated Press qui en a reçu confirmation des autorités vietnamiennes, parmi les 12 000 prisonniers qui ont été amnistiés à l’occasion du 25e anniversaire de la fin de la guerre, se trouvent deux chrétiens qui avaient été arrêtés et détenus pour des raisons religieuses. Il s’agit du protestant Vu Gian Thao appartenant à l’ethnie H’mong et du religieux catholique, le frère Jean Euder Mai Duc Chuong, de la congrégation de Marie “corédemptrice”.

Le premier d’entre eux, Vu Gian Thao, âgé de 32 ans, habite la province de Lai Châu où il a été arrêté en 1997 pour avoir abusé » de la liberté religieuse et avoir violé la loi de l’Etat. Son nom se trouvait sur plusieurs listes de prisonniers de conscience. Le récent rapport de Human Rights Wach sur l’état des droits de l’homme au Vietnam portait son nom, ainsi qu’un récent rapport sur la persécution des protestants au Vietnam publié par l’Union évangélique mondiale à Singapour en février 2000, qui le citait dans une liste de 10 prisonniers h’mong (32). Il était détenu à la prison de Diên Biên Phu, où il purgeait une peine de trois ans de prison.

Le frère Jean Euder Mai Duc Chuong, aussi appelé Mai Huu Nghi est né le 8 avril 1931 à Thai Binh, au Nord-Vietnam. Il fut condamné le 30 octobre 1987, par le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville à 18 ans de prison, plus 5 ans de résidence surveillée pour les crimes suivants : propagande contre le régime socialiste, sabotage de la politique d’union. Il était en détention au camp n° 5, Dôi 25, Thiêu Yên, province de Thanh Hoa. En 1996, on rapportait déjà qu’il était paralysé par l’arthrose.

Le religieux fut arrêté en mai 1987 avec le supérieur général de la congrégation de Marie “corédemptrice”, un grand nombre de ses confrères religieux ainsi que de laïcs. Leur incarcération faisait suite à une descente de police dans leur monastère de Thu Duc. La population catholique des paroisses environnantes était accourue pour défendre les religieux avec des armes de fortune. Trois agents de la sûreté furent sévèrement blessés au cours de cet affrontement qui dura plusieurs jours. Des dizaines de laïcs ayant participé à la défense du monastère furent arrêtés avec les religieux (33). Le procès de quinze religieux de la congrégation et de huit laïcs eut lieu quatre mois après les événements, au mois d’octobre 1987. Le supérieur général, le P. Trân Dinh Thu, et le frère Nguyên Châu Dat furent condamnés à la prison à perpétuité, peine qui fut ensuite, sous la pression de l’opinion internationale, commuée en vingt ans de prison (34). Les autres furent condamnés à diverses peines dont aucune inférieure à quatre ans de prison. En 1993, le supérieur général et quatre autres religieux furent libérés (35). En décembre 1998, selon des informations en provenance de la congrégation, il restait encore 4 religieux en prison. Depuis cette époque, c’est la première fois que l’on annonce publiquement une nouvelle libération.