Eglises d'Asie

Internet : tout créateur de page “Web” devra demander une autorisation officielle

Publié le 18/03/2010




Voilà déjà deux ans et demi, depuis le mois de novembre 1997, que le Vietnam s’est officiellement branché sur le réseau Internet. A l’heure actuelle le nombre d’abonnés au système n’a pas encore dépassé le chiffre de 60 000, la moitié d’entre eux seulement étant des ressortissants vietnamiens. Si on le compare à l’engouement mondial actuel pour ce type de communication, ce chiffre ne peut apparaître qu’excessivement modeste, surtout lorsque l’on sait que le pays compte un demi-million d’ordinateurs privés et plus de deux millions de postes téléphoniques. Une enquête conduite en 1997 à Hô Chi Minh-Ville montrait déjà que 12 % des familles étaient équipées d’un ordinateur. Selon la revue Thoi Bao Kinh Tê Saigon (Revue économique saigonaise) qui vient de publier un article critique à ce sujet, l’absence de développement du réseau Internet au Vietnam ne tient pas à des raisons économiques ou intellectuelles mais essentiellement politiques.

Le nombre restreint des abonnés à Internet n’est dû ni à l’absence de demandes dans le public, ni au manque d’efforts des fournisseurs de service (providers). Les campagnes récentes lancées par ces derniers pour abaisser les taxes d’usage et faire la promotion d’Internet n’ont eu que peu de résultats. Mais ce ne sont pas les prix qui sont à l’origine de la lenteur du développement d’Internet au Vietnam. Beaucoup plus déterminant en ce domaine a été l’impact de la politique suivie par les services d’Etat et les autres organismes du pays. C’est elle qui pose problème et c’est elle que met en cause la revue saigonaise, particulièrement après la mise en circulation récente d’un document émanant des autorités d’Etat responsables de la communication et de la culture.

Au mois d’avril, le ministre de la Culture et de l’information a fait parvenir une circulaire à tous les fournisseurs de service Internet du pays. La circulaire révélait que le ministère était en train de considérer la possibilité d’obliger les entreprises et les organisations créatrices de sites “Web” a obtenir une autorisation préalable du ministère de la Culture et de l’Information. Cette information a soulevé une certaine grogne à l’intérieur du monde des entreprises et provoque de vives critiques de la part de la revue qui décrit l’étonnement des utilisateurs d’Internet devant cette mesure, en particulier des chefs d’entreprise. Généralement, ils ont besoin de créer des sites Internet afin de faire la publicité et la promotion de leurs produits. Alors qu’il leur est permis d’acheter des pages entières des journaux saigonais pour leur publicité, il s’étonnent de se voir imposer une autorisation du ministère pour faire la même chose sur le réseau Internet.

La Revue économique saigonaise en conclut que le contrôle étatique s’étend chaque jour davantage. Si les citoyens, affirme-t-il, ne sont autorisés à faire que ce que permet l’Etat, viendra le jour où l’Etat sera incapable de faire face au volume des autorisations qui lui seront adressées par les particuliers. Le contrôle de l’Etat sur le développement social ne parvient qu’à le ralentir.