Eglises d'Asie

Le cardinal Sin dénonce l’absence de leadership du gouvernement Estrada

Publié le 18/03/2010




Alors que des attentats à l’explosif se sont produits en plein Manille, qu’à Mindanao l’armée affronte toujours les hommes du Front moro de libération islamique (FMIL) et que 21 personnes dont dix-neuf étrangers sont toujours retenus prisonniers par les partisans du groupe Abu Sayyaf sur l’île de Jolo, le cardinal Sin a choisi de hausser le ton à l’égard de l’administration Estrada. Le 24 mai, l’archevêque de Manile, le cardinal Jaime Sin, a rendu public un “Appel urgent » dans lequel il dénonce “l’absence de leadership » à la tête du gouvernement philippin, un vide générateur de confusion. “Les choses se passent comme si nous évoluions à l’intérieur d’une spirale sans fin, sans direction, ni vision. (.). Même les hommes au gouvernement, particulièrement ceux qui sont en position de pouvoir, ne peuvent se coordonner. Les gens réclament une direction plus claire et plus unifiée », écrit notamment le cardinal Sin.

Dans le contexte actuel, l’Eglise catholique s’inquiète de ce qu’elle perçoit comme des errements et des flottements à la tête de l’exécutif. Le cardinal a ainsi offert les services de l’Eglise afin de mieux faire face aux problèmes les plus importants » du pays. Il a rappelé que l’Eglise avait déjà envoyé une aide humanitaire aux populations déplacées par les combats à Mindanao et que des prêtres et des évêques faisaient partie des équipes de négociateurs chargées de régler les prises d’otages dans cette région. Nous prions très fort pour qu’une solution soit trouvée à ces problèmes qui prennent de l’ampleur », écrit encore Mgr Jaime Sin.

Mgr Hernando Coronel, porte-parole de la Conférence des évêques des Philippines, s’est fait l’écho des propos de l’archevêque de Manille, en précisant que son conseil permanent, le 22 mai, avait appelé les évêques et les centres d’action sociale à renforcer les mesures d’assistance aux réfugiés de Mindanao ».

Mgr Teodoro Bacani, évêque auxiliaire de Manille et conseiller spirituel du président Estrada, a pour sa part déclaré que la perception (d’un manque de leadership) était due à une faiblesse dans la communication des instructions et de la politique du gouvernement », ainsi qu’à quelques erreurs présidentielles et à une couverture injuste (de la part des médias) Aucun groupe n’est à lui seul responsable de toutes les crises que connaît le pays, a-t-il expliqué, ajoutant que les erreurs du président Estrada étaient un facteur significatif mais, en aucun cas, le seul facteur en cause ».

Les prises de position de l’Eglise catholique aux Philippines et de certains des membres les plus éminents de sa hiérarchie ne sont pas rares dans ce pays catholique à plus de 80 %. En janvier dernier, par exemple, la Conférence des évêques catholiques faisait savoir qu’elle se montrait solidaire » mais critique » à l’égard du gouvernement dirigé par Joseph Estrada, un président dont la cote de popularité commençait déjà à baisser (24).