Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : les responsables d’un temple hindou se proposent de restaurer une église ravagée par des extrémistes hindous

Publié le 18/03/2010




C’est avec reconnaissance que la communauté chrétienne a accueilli la promesse faite par les administrateurs du temple hindou Hanuman Mandir à Indore, dans l’Etat de Madhya Pradesh, de participer à la réparation de l’église protestante Saint-Paul, un des trois établissements chrétiens mis à sac dans la nuit du 11 mai dernier par des groupes de fanatiques hindous. C’est un geste bienvenu lorsqu’il émane de la communauté hindoue elle-même, ont fait remarquer des chrétiens de la ville. “C’est une merveilleuse initiative, a déclaré John Dayal, coordinateur du Forum chrétien ocuménique pour les droits de l’homme. Elle s’enracine dans des liens d’amitié entre hindous et chrétiens, qui datent de 2000 ans Selon lui, le geste peut être considéré comme un défi lancé aux extrémistes hindous qui prétendent que les violences exercées contre les chrétiens bénéficient de l’approbation de la communauté hindoue.

Dans la nuit du 11 mai, une première attaque a pris pour cible la Maison d’études du Christ, le centre de dialogue et d’information du diocèse catholique de Indore. Les assaillants ont jeté contre l’établissement des projectiles faits de chiffons trempés dans du kérosène et enflammés. L’attaque que l’on attribue à des membres du Parti Bajrang Dal (BD) n’a cependant endommagé que le haut de la porte de l’institution, grâce à la présence d’un prêtre qui a pu maîtriser l’incendie et appeler la police. Cette même nuit, un groupe de 12 personnes a forcé les portes du temple protestant de Saint-Paul et détruit le crucifix situé au-dessus de l’autel. En essayant de mettre le feu à tout le bâtiment, ils ont aussi mis à mal l’équipement électrique et renversé le mobilier. Cependant, lorsque la population alertée s’est rassemblée autour de l’Eglise, les jeunes vandales circulant sur des motocyclettes se sont enfuis à la faveur de l’obscurité… Le troisième établissement chrétien attaqué à la même heure a été une église d’un groupe pentecôtiste, située à Vandana Nagar. Les assaillants ont criblé de pierres les murs de l’édifice brisant un certain nombre de vitres.

Après ces événements, les chrétiens de la ville ont décidé de réagir en organisant une manifestation destinée à protester contre les violences exercées contre eux. Craignant la montée des passions, l’administration locale a commencé par refuser d’autoriser un tel rassemblement, puis l’a finalement permis pour le 18 mai. Les dirigeants des communautés chrétiennes ont, en outre, envoyé des requêtes au gouvernement fédéral lui demandant d’assurer la sécurité des chrétiens. Pour sa part, la police de l’Etat qui est gouverné par le Parti du Congrès, après avoir procédé à l’arrestation de quelques membres du Parti Bajrang Dal, a pris l’initiative de faire surveiller les établissements chrétiens de la ville.

Un peu partout en Inde, les attaques anti-chrétiennes continuent. Le 14 mai à New Delhi, une cinquantaine de pasteurs ont protesté contre ce qu’ils appellent la poursuite des attaques des militants hindous » contre les établissements d’Eglise et leur personnel. Selon eux, les trois dernières agressions de Indore sont les plus récentes d’une série de 40 survenues en divers endroits du pays depuis le mois de janvier 2000. Les pasteurs ont écrit une lettre au ministère de l’Intérieur lui demandant de réprimer les groupes hindous qui s’en prennent aux minorités religieuses, d’assurer la sécurité des chrétiens, de leurs églises et de leurs établissements et enfin, d’aider les missionnaires à poursuivre leur mission.