Eglises d'Asie

Assam : création d’un nouveau diocèse dans une région où la coexistence des diverses ethnies s’avère difficile

Publié le 18/03/2010




Le pape Jean-Paul II vient de créer le nouveau diocèse de Bongaigaon, ce qui porte le nombre de diocèses en Inde à 144. Situé dans l’Etat d’Assam au nord-est de l’Inde et composé des deux districts de Bongaigaon et de Kokrajhar, le territoire de cette nouvelle circonscription ecclésiastique est frontalier du Bangladesh, du Bhoutan et du Bengale occidental. Le diocèse, détaché de l’archidiocèse de Guwahati, a été confié à un prêtre du diocèse voisin de Tezpur, le P. Thomas Pullopillil.

Avec ses 14 paroisses, le diocèse compte 60 000 catholiques sur une population totale de 5,7 millions d’habitants. Principalement composée d’ethnies telles que les Bodo, les Santal, les Rajabansi, les Rabha, les Gara et les Koch, la population de ce diocèse est très diverse. Chacune de ces ethnies parle une langue propre appartenant à des familles linguistiques souvent fort éloignées les unes des autres. La région a été, depuis plusieurs années, le théâtre de sanglants affrontements entre deux ethnies rivales les Bodo et les Santal. Cette tension entre les deux ethnies a pour origine la lutte pour l’indépendance des Bodo qui sont aujourd’hui au nombre de 1,6 millions parmi lesquels une centaine de milliers de chrétiens dont 30 000 catholiques. Ils craignent de voir les non-Bodo, les Santal entre autres, les menacer par leur trop grand nombre. Depuis 1987, date à laquelle la lutte des Bodo pour l’indépendance a pris son ampleur actuelle, on déplore des centaines de victimes chez les habitants de la région. Il y a quatre ans, on estimait que ce conflit avait fait plus de 300 morts et créé 300 000 sans-abri (8). Au mois de novembre 1998, un prêtre catholique, le P. Thomas D’Silva, avait été pris en otage par des militants bodo pour protester contre le soutien que l’Eglise catholique aurait accordé à l’ethnie des Santal, leurs rivaux. Le prêtre avait été libéré au mois de janvier suivant (9). Tout en protestant que le conflit actuel est essentiellement de nature politique, les responsables chrétiens essaient de calmer les esprits et, depuis quelques années, on a assisté à de nombreuses tentatives de leur part, souvent infructueuses, pour ramener la paix entre les ethnies rivales. Une association appelée la Mission de paix interEglises s’est signalée par ses efforts pour porter assistance aux victimes des conflits et rétablir la paix au sein des diverses ethnies.

On comprend que, dans ses premières déclarations, l’évêque nommé se soit donné comme priorité de renforcer la concorde et de continuer les efforts de l’Eglise pour édifier la paix au sein des divers groupes ethniques du diocèse Les 25 prêtres qui vont collaborer avec lui ont depuis longtemps adopté ce même objectif car, comme ils le reconnaissent volontiers il arrive souvent que leurs fidèles placent leur origine ethnique au dessus de leur religion ». L’évêque a souligné que ce rétablissement de la concorde au sein de la population locale devrait aller de pair avec l’approfondissement de la foi des catholiques d’une région qui n’est évangélisée que depuis les années 1930. Dans ce but, le nouvel évêque compte créer des établissements d’enseignement supérieur qui viendront compléter un réseau déjà important d’écoles secondaires et primaires.

Mgr Pullopillil est originaire du Kerala et est titulaire d’un doctorat de théologie morale. Son travail dans la région depuis un certain nombre d’années lui a permis d’acquérir une bonne connaissance des cultures et langues locales, puisqu’il peut parler l’hindi, l’assami, le sadri, le santali, le bodo. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages concernant ces cultures régionales où il a été appelé à travailler.