Eglises d'Asie

Des milliers de personnes sont venues participer aux obsèques de Mgr Paul Huynh Dông Cac, évêque de Quy Nhon à la retraite

Publié le 18/03/2010




Plusieurs milliers de personnes ont assisté aux obsèques de Mgr Paul Huynh Dông Cac qui ont eu lieu dans la cathédrale de Quy Nhon, le 6 juin dernier. Présidée par le cardinal Paul Joseph Pham Dinh Tung, la messe de funérailles a été concélébrée par douze évêques et environ 150 prêtres. Dans son homélie, l’évêque de Nha Trang, Mgr Paul Nguyên Van Hoa, a, entre autres choses, parlé du courage de l’évêque défunt, celui qu’il a en particulier manifesté au cours de la période difficile qu’il a dû traverser quelque temps après son ordination à l’épiscopat en 1974, alors qu’autour de lui beaucoup de personnes abandonnaient leurs postes pour s’enfuir.

Lorsqu’il est mort le 3 juin dernier d’une hémorragie cérébrale à l’hôpital Thông Nhât de Hô Chi Minh-Ville, âgé de 77 ans, Mgr Cac avait déjà, depuis presque onze mois, assuré sa succession au poste d’évêque de Quy Nhon. En effet, le 18 juin 1999, sur sa demande, le Saint-Siège avait accepté sa démission, peu avant de nommer un prêtre de son diocèse comme successeur, Mgr Pierre Nguyên Soan. La maladie l’avait obligé à abandonner ses fonctions, une maladie dont il souffrait depuis près de 10 ans mais qui n’avait jamais entamé un optimisme à toute épreuve et un humour qui accompagnaient un sens du devoir tout à fait exceptionnel, comme le rappelait l’un de ses prêtres lors d’une messe concélébrée à Paris pour le repos de l’évêque défunt, sous la présidence de Mgr Huynh Van Nghi.

Originaire du diocèse de Quy Nhon dont il fut ensuite l’évêque, il était né en 1923 dans la chrétienté de Go Dai, une desserte de la très célèbre et ancienne paroisse de Go Thi dans la province de Binh Dinh. C’est dans cette paroisse édifiée sur le bord de la rivière de Quy Nhon, que s’était établi, il y a plus de 160 ans, son illustre prédécesseur sur le siège de Quy Nhon, Saint Etienne Théodore Cuenot. Après des études au petit séminaire de Làng Sông et au grand séminaire de Quy Nhon, durant la première guerre du Vietnam, il fut ordonné prêtre le 17 mai 1955 par l’évêque de Quy Nhon de cette époque, Mgr Marcel Piquet. Après un séjour d’un an en paroisse, il poursuivit des études de droit canon à Rome, discipline dans laquelle il obtint un doctorat. Il continua ensuite ses études en Angleterre et en Amérique dont il revint avec un autre doctorat en linguistique anglaise. Jusqu’à sa nomination à l’épiscopat en 1974, il dirigea le petit séminaire de Quy Nhon. La période durant laquelle il eut à administrer l’important diocèse de Quy Nhon ne fut pas sans épreuves et tourmentes. La fin de la guerre en 1975, la débâcle qu’elle engendra, le changement de régime d’avril 1975, la difficile décennie qui suivit, furent autant de défis qu’il affronta avec sang-froid et fidélité à l’Eglise.

Le diocèse de Quy Nhon qui s’appelait à l’époque de Saint Etienne Cuénot, le vicariat apostolique de Cochinchine et couvrait la totalité du Sud-Vietnam et du Cambodge, fut du vivant même du saint, en 1844, divisé en deux parties, orientale et occidentale. L’ancien vicariat a donné naissance à de nombreux diocèses. Le dernier à être détaché de Quy Nhon fut celui de Da Nang, créé en 1963. Depuis lors, l’actuel diocèse de Quy Nhon est composé de trois provinces, Quang Ngai, Binh Dinh et Phu Yên. Région où les missionnaires jésuites du début du XVIIe siècle sont venus apporter l’évangile en premier, le diocèse n’a jamais été épargné ni par les persécutions des empereurs, ni par le mouvement des lettrés (Van Thân) à la fin du XIXe, pas plus que par les guerres qui ont suivi.

Selon les statistiques les plus récentes, le diocèse compte 55 751 catholiques, 39 paroisses, 52 prêtres, 14 séminaristes en attente d’ordination, 24 grands séminaristes, 8 religieux non-prêtres et 232 religieuses.

La nouvelle loi sur le mariage et la famille pourrait banaliser le recours au divorce

La loi sur le mariage et la famille en vigueur aujourd’hui au Vietnam a 13 ans et elle ne va pas tarder à être remplacée par une nouvelle loi dont le projet a été discuté au cours de la dernière session de l’Assemblée nationale du mois de mai. Le projet comportera 13 chapitres et 130 articles, soit cinquante de plus que l’ancienne loi. Le chapitre consacré à la question du divorce, qui réglemente concrètement la procédure à suivre en ce domaine, depuis le droit de demander au tribunal de prononcer le divorce jusqu’aux devoirs contractés à l’égard des enfants après le divorce, suscite une particulière attention de la part de la société civile vietnamienne, très divisée à ce sujet. Lorsque ce chapitre a été discuté le 23 mai dernier à l’Assemblée nationale, les discussions ont été particulièrement vives (26). En effet les jugements portés sur ce problème divergent au Vietnam en fonction des religions, du degré d’instruction, des ethnies et de la fidélité gardée à diverses traditions (27).

Cette question est d’autant plus brûlante que l’on assiste, du moins dans les grandes villes, à une croissance continue du taux de divorces, comme l’indique par exemple un certain nombre de chiffres recueillis à Hô Chi Minh-Ville. Dans cette ville, pour la période allant de 1985 à 1990, le nombre total des divorces prononcés s’était élevé à 21 384. Pour la période suivante (1990-1996) il était passé à 36 928, ce qui représentait une augmentation annuelle de 2 000 cas de divorces. Pour l’année 1997, à côté de 33 794 couples formés cette année-là, on enregistrait 5 246 couples pour qui le divorce avait été prononcé. C’est une proportion relativement importante – un divorce pour six mariages – qui suscite l’inquiétude en beaucoup de milieux dans le pays, mais reste encore beaucoup bien plus faible qu’en Occident (28).

Mais ces constatations sociologiques chiffrées cachent, en réalité, une situation fort confuse, même dans la tradition vietnamienne. D’un point de vue juridique, dans l’ancien temps, le code civil permettait le divorce, mais l’initiative de la rupture était entièrement réservée au mari. Durant la colonisation française, après avoir été introduite dans les premières lois, en 1883, l’autorisation du divorce fut supprimée des codes suivants. Au Sud-Vietnam, sous le régime du président Ngô Dinh Diêm, la loi sur la famille interdisait le divorce et n’autorisait que la séparation de corps. Après la chute du président, le divorce fut de nouveau autorisé. La loi du mariage et de la famille adoptée au Nord après 1954 n’y faisait aucune allusion. Mais la population vietnamienne, proche aujourd’hui de 80 millions habitants, suit en ce domaine des traditions différentes et multiples, tenant à la culture des diverses ethnies et aux diverses religions. Pour beaucoup, les questions de mariage et de divorce sont entièrement réglementées dans le cadre des diverses communautés religieuses. Par exemple, la minorité cham du Vietnam suit en ce domaine les principes qui lui sont donnés par les trois religions pratiquées par cette population.

Le projet de loi actuel témoigne d’une assez relative révérence à l’égard de ces traditions diverses. Il tient d’ailleurs davantage compte des coutumes des diverses ethnies que des prescriptions des religions. Le projet prévoit, par exemple, que dans le cas où la loi sur le mariage ne comporte pas de prescriptions précises sur un point, il est possible d’appliquer les traditions et les coutumes de l’ethnie, à condition qu’elles ne soient pas opposées aux autres prescriptions de la loi, et qu’elles ne soient pas en désaccord avec la liberté de choix des deux partenaires, leur égalité au sein du couple et avec le caractère monogamique du mariage. Le projet prévoit même des exceptions aux principes prescrits par lui en faveur de traditions culturelles des ethnies. Ainsi, alors que, selon le projet de loi, les prétendants au mariage doivent avoir plus de 20 ans pour le mari et plus de 18 ans pour la femme, cet âge peut être ramené à 18 et 16 ans pour les partenaires de couples appartenant à des minorités ethniques.

Les milieux catholiques vietnamiens portent sur ce projet de loi un jugement mitigé. Les dispositions concernant la procédure de divorce sont jugées trop laxistes. Le divorce serait trop facilement accordé sans examen préalable et pourrait porter atteinte à la stabilité du mariage. Par ailleurs, le temps réservé à la tentative de conciliation des deux époux par l’article 92 apparaît trop court. Il ne peut être inférieur à un mois mais ne doit pas dépasser trois mois, à partir du moment où la demande divorce est présentée.