Eglises d'Asie

L’Eglise catholique réfléchit au lancement d’un quotidien catholique national

Publié le 18/03/2010




Les Philippines abritent près de 60 % du nombre total des catholiques en Asie et le pourcentage de catholiques par rapport à la population totale (82 %) est le second plus important dans la région (après le Timor-Oriental, catholique à 90 %), mais les Philippins ne disposent pas de quotidien ouvertement catholique à diffusion nationale. Selon Mgr Oscar Cruz, de Lingayen-Dagupan, le CBCP Monitor (17), organe de la Conférence épiscopale, avec une périodicité bimensuelle, ne peut pas vraiment être considéré comme un journal s’adressant à l’ensemble des catholiques. Centré sur les questions de doctrine, il publie les communiqués et les décrets du Vatican et de la CBCP mais “les nouvelles de l’Eglise ne représentent qu’un dixième de son contenu ». Selon Mgr Cruz, ancien président de la Conférence épiscopale des Philippines, l’Eglise, au niveau national, ne peut faire entendre sa voix propre. La cinquantaine de radios locales catholiques sont bien un relais mais, affirme Mgr Cruz, un quotidien catholique national pourrait trouver sa place aux côtés de treize quotidiens non confessionnels déjà existants ; un quotidien qui serait indépendant de l’Eglise en tant qu’institution mais qui serait “sensible » à l’Eglise, qui couvrirait l’actualité de l’Eglise de façon professionnelle et qui serait doté des outils marketing nécessaires à son développement.

L’appel de Mgr Cruz a rencontré un certain écho au sein des milieux de la presse catholique dans le pays. Selon le Bureau national des mass media de la CBCP, pratiquement chacune des 2 351 paroisses que compte l’Eglise aux Philippines imprime son propre bulletin diocésain. Publiés le plus souvent le dimanche, financés par de la publicité et distribués gratuitement, ces bulletins apportent aux fidèles, dans leur langue, les nouvelles de leur paroisse. Par ailleurs, la plupart des 80 circonscriptions ecclésiastiques du pays (archidiocèses, diocèses, vicariats, etc.) disposent également d’une publication. Hebdomadaires, bimensuelles ou mensuelles, imprimées sur des presses qui appartiennent soit au diocèse lui-même, soit à une congrégation religieuse, ces publications apportent le plus souvent les nouvelles relatives à l’évêque, au diocèse ainsi qu’aux travaux de la Conférence épiscopale. Mais, selon le P. Salvatore Putzu, éditeur du Word and Life, troisième plus important magazine du pays par sa diffusion, l’absence de quotidien catholique national est une honte » et montre que les éditeurs de presse (catholique) ne peuvent s’entendre pour travailler ensemble et produire un journal qui diffuse rapidement les nouvelles de l’Eglise ».

Au mois de janvier dernier (18), peu après le lancement de son site Web sur Internet, la Conférence épiscopale avait annoncé le lancement d’un fournisseur d’accès à Internet conçu afin de s’éteindre to crash dès que son utilisateur chercherait à se connecter à un site pornographique. Ce service, qui fonctionne avec des cartes pré-payées vendues de 50 à 500 pesos (1 à 10 US$), est un succès. A la fin mai, les revenus de ce service, souscriptions et recettes publicitaires confondues, s’élevaient à deux millions de pesos, a déclaré Mgr Cruz. Cette initiative et son relatif succès montrent que l’Eglise peut lancer des initiatives et faire preuve d’imagination dans le domaine des médias, estime le P. Putzu.

Toutefois, le besoin d’un quotidien catholique national n’est pas ressenti de la même façon par tous. Selon le P. Reuter, si le taux d’alphabétisation atteint les 85 % aux Philippines, seuls 15 % de ceux qui savent lire lisent effectivement, et ils lisent des bandes dessinées ». 12 millions d’exemplaires des titres spécialisés en bandes dessinées sont vendus chaque mois, précise encore le P. Reuter. Selon lui, dans ce pays où très nombreuses sont les personnes trop pauvres pour s’offrir un journal ou la télévision, la radio est le seul média qui puisse véritablement toucher l’audience catholique : Même si vous avez accès aux autres médias, vous ne regardez pas la télévision ou vous ne surfez pas sur Internet lorsque vous conduisez votre voiture ».