Eglises d'Asie

Les sikhs s’insurgent contre la prétention de certains hindous extrémistes à vouloir rattacher à l’hindouisme toutes les religions originaires de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Les responsables sikhs ont qualifié de tentatives agressives d’assimilation à connotation politique, les prétentions de certains nationalistes hindous qui affirment que les religions originaires de l’Inde relèvent toutes de l’hindouisme. Les prêtres et les responsables politiques de cette religion vieille de cinq siècles, dont les adeptes sont coiffés d’un turban de couleur, ont menacé de “graves conséquences » les groupes hindous qui ne mettraient pas un terme à leurs “prétentions malveillantes ». Des groupes hindous comme le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS, Corps national des volontaires) considèrent en effet le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme comme faisant partie de leur “sanatan dharma » (religion éternelle). Par contre, ils rejettent comme “religions étrangères » l’islam et le christianisme.

Une approche agressive de la société sikh comme celle que mène le RSS pourrait avoir des conséquences graves », a mis en garde Onkar Singh Thapar, secrétaire général du Shiromani Akali Dal (Parti du suprême et de l’intemporel). Le 23 mai, devant des journalistes, il a rappelé qu’un mouvement identique dans les années 1980 avait conduit les sikhs à mener des actions terroristes et leur avait fait revendiquer l’indépendance. On pouvait lire alors des graffitis sur les murs de Delhi comme : Nous ne savons pas qui nous sommes, mais ce dont nous sommes sûrs, c’est que nous ne sommes pas hindous ». Rappelant les centaines de morts qui s’ensuivirent, spécialement dans l’Etat du Pendjab, au nord de l’Inde, Thapar souhaite que l’histoire ne se répète pas : Les organisations hindoues doivent veiller à ce que les sikhs ne se sentent pas aliénés ou heurtés dans leur conscience ».

Des troubles ont éclaté dernièrement quand une douzaine d’organisations sikhs ont manifesté contre la visite du chef du RSS, K. S. Sudershan, à Chandigarh, capitale de l’Etat du Pendjab, fin avril. Elles accusaient les activistes du RSS, disséminés dans les villages du Pendjab, de déformer sciemment les textes religieux des sikhs avec l’intention finale d’altérer l’identité sikh. Les sikhs sont majoritaires au Pendjab, l’Etat où le revenu par tête d’habitant est le plus élevé de tous les 25 Etats de l’Union indienne.

H. S. Josh, un écrivain sikh de New Delhi, a expliqué aux journalistes, le 2 mai, que vouloir imposer partout une identité hindoue ne pourrait que créer du ressentiment. Il affirme que ceux qui viennent de s’affilier récemment au Rashtriya Swayamsevak Sangh, comme la Rashtriya Sikh Sangathan (Organisation nationale sikh), essayaient seulement de rallier les sikhs à l’idéologie nationaliste hindoue. Jagtar Singh, un journaliste sikh de Express, a déclaré de son côté que ce qui indisposait les sikhs était la volonté du Rashtriya Swayamsevak Sangh de faire de leur religion le bras armé de l’hindouisme contre l’islam. Le grand prêtre sikh Giani Joginder Singh Vidanti a prévenu que les forces qui s’opposeraient à l’identité sikh seraient vite neutralisées 

Un chef important du Rashtriya Swayamsevak Sangh, qui a préféré garder l’anonymat, a déclaré devant les journalistes que le sikhisme est historiquement un mouvement réformateur issu de l’hindouisme. La controverse actuelle n’a pas de quoi inquiéter. Elle ne porte pas sur une différence d’interprétation entre l’hindouisme et une autre religion mais sur une différence mineure d’opinion entre des personnes ».