Eglises d'Asie

Moluques : des initiatives chrétiennes pour obtenir le retour à Java des forces paramilitaires islamiques

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre qu’il a envoyée, le 19 mai, au chef d’Etat indonésien, Abdurrahman Wahid, le président de la Communion des Eglises protestantes en Indonésie, le révérend Nathan Setiabudi, demande à celui-ci de faire cesser les provocations des extrémistes musulmans qui attisent les conflits interreligieux dans la partie nord-est des Moluques (12). La lettre désigne clairement les responsables, à savoir les groupes des laskar jihad (combattants de la guerre sainte) dont les activités attisent les passions au sein de la population des Moluques et sont susceptibles d’engendrer des conflits interreligieux.

Selon le rapport contenu dans la lettre du pasteur protestant, quelque 2 200 laskar jihad ont été introduits à Amboine, capitale de la province des Moluques, au cours du mois d’avril dernier, envoyés par l’organisation Ahlus Sunnah Waljamaah, dont le siège est à Yogyakarta. Dans les camps que l’organisation y gère, sont entraînés plus de 10 000 combattants, la plupart originaires de Java, tout prêts à partir en mission pour la défense de l’islam (13). L’organisation ignore les avertissements du gouvernement et continue de déployer ses soldats dans la région des Moluques. La lettre demande au président d’ordonner aux militaires et à la police d’assurer la protection de la population, de rester neutres et objectifs vis-à-vis des deux parties en conflit. Militaires et policiers, précise la lettre, doivent confisquer les armes et les munitions envoyées d’autres régions pour envenimer la situation De plus, les forces de l’ordre devraient multiplier les contrôles destinés à débusquer les éléments étrangers à la région et les renvoyer dans leurs foyers.

Parallèlement à ce recours au pouvoir central, d’autres tentatives sont entreprises par les communautés chrétiennes des Moluques auprès des responsables musulmans nationaux pour conjurer l’influence néfaste des forces paramilitaires des combattants de la guerre sainte ». C’est ainsi qu’une requête signée des responsables de l’Eglise protestante des Moluques et du diocèse catholique d’Amboine a été envoyée, le 20 mai, à la plus importante association islamique du pays, la Nahdlatul Ulama (NU), et lui a demandé son assistance pour faire en sorte que les combattants de la guerre sainte se retirent hors de la région. Selon cette requête, les habitants des Moluques, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, avaient, dans leur majorité, cessé les attaques mutuelles. Seules quelques personnes étaient encore engagées dans des combats mineurs en représailles pour la perte de membres de leur parenté. Mais ces hostilités allaient en diminuant. L’intervention des combattants de la guerre sainte a attisé les haines et réveillé les violences.

En même temps que le retrait hors de la région des forces paramilitaires islamiques, la requête demande le remplacement des officiers et fonctionnaires partisans, injustes, et corrompus en exercice aux Moluques.

Selon le Jakarta Post, un responsable de la NU, Aqil Siradj, a rappelé que son association avait déjà fermement condamné les activités des combattants de la guerre sainte. La propagation de l’islam ne peut s’effectuer, a-t-il ajouté, que par des moyens honnêtes. Il a affirmé que ce que fait le groupe des laskar jihad aux Moluques va à l’encontre des principes de base de l’islam.

On assiste aujourd’hui à de nouvelles violences dans la région des Moluques. Du 8 au 18 mai dernier, les conflits interreligieux à Amboine et dans les Moluques septentrionales avaient fait 43 morts et 118 blessés. Au début de ce mois, après l’attaque d’un ferry dans la baie d’Amboine, le 3 juin, attaque qui s’est soldée par la mort d’un ministre du culte protestant et par plusieurs blessés graves, des troubles ont éclaté en ville dans la matinée du dimanche qui a suivi.