Eglises d'Asie – Inde
Orissa : un évêque protestant voit dans les “reconversions” d’aborigènes une tentative d’intimidation d’extrémistes hindous
Publié le 18/03/2010
Mgr D. K. Mahanty, évêque de Cuttack, membre de l’Eglise du nord de l’Inde, a déclaré que cette cérémonie “faisait partie d’un plan plus large des fondamentalistes hindous destiné à intimider les chrétiens de la région ». “Par ailleurs, a-t-il confié aux journalistes de l’agence Ucanews, le choix de Manoharpur pour cette cérémonie de reconversion défie la logique et la décence ». Le missionnaire australien et ses deux fils brûlés vifs dans leur voiture, début 1999, font partie des sept chrétiens assassinés en Orissa ces dix-huit derniers mois. Le dernier incident à déplorer ne remonte qu’au 22 mai. A cette date, la police a découvert dans la jungle les restes d’un corps décomposé, sans tête, celui d’un pasteur protestant, le révérend Udaya Barik, porté disparu deux semaines plus tôt. Bien que la police parle avec insistance de suicide, le rapport d’autopsie indique clairement que le pasteur a été décapité à l’aide d’un instrument tranchant.
Pour Mgr Mahanty, le fait de placer cette cérémonie de reconversion sur le lieu même où des meurtres ont été commis au nom de la religion n’est de bon augure ni pour la communauté chrétienne ni pour le pays. Ces reconversions violent la Constitution indienne qui garantit le droit des citoyens d’embrasser la religion de leur choix, en l’absence de toute pression. C’est une cruelle ironie, ajoute-t-il, de voir des hindous accuser les missionnaires chrétiens de conversions forcées alors qu’ils se permettent de faire la même chose à Manoharpur, là où Staines ouvrait parmi les aborigènes.
Laxmidhara Pangari, avocat réputé auprès de la Haute Cour d’Orissa, s’est déclaré prêt à contester les reconversions de Manoharpur comme “autant d’actions illégales et d’agressions déguisées contre la communauté chrétienne ». Pour lui, cette cérémonie a violé la loi sur la liberté religieuse de l’Orissa, promulguée en 1967 et qui exige une notification préalable des conversions auprès des autorités par le prêtre officiant. Les conversions ne sont autorisées qu’après vérification qu’aucune coercition n’a été exercée. Selon Pangari, la cérémonie de Manoharpur n’était pas légale. Pourtant, la secrétaire d’Etat à la famille de l’Etat d’Orissa, Tarini Kanta Mishra, affirme quant à elle, que les familles reconverties avaient bien, en décembre dernier, déclaré par écrit leur intention de se reconvertir à l’hindouisme. Mishra précise que l’administration, en revanche, demandera des explications aux 22 personnes des villages voisins qui n’avaient pas présenté d’affidavits. Le Hindu Jagaran Samukhya (Conseil de la renaissance hindou), grand ordonnateur de la cérémonie, a déclaré en substance que, selon lui, la loi indiquait seulement que les conversions forcées des missionnaires chrétiens étaient à surveiller et que, donc, elle ne s’appliquait pas à ceux qui voulaient devenir hindous (7). Subhas Chouhan, président de ce conseil, a déclaré qu’il ne considérait pas la cérémonie de Manoharpur comme une cérémonie de conversion mais tout simplement comme un “retour », ajoutant que tous les chrétiens des minorités ethniques devaient revenir à l’hindouisme.