Eglises d'Asie – Indonésie
Papouasie : les Papous d’Indonésie ont déclaré vouloir parvenir “pacifiquement” à l’indépen-dance de leur province à l’égard de Djakarta
Publié le 18/03/2010
A Djakarta, cette proclamation a suscité des réactions verbales assez fermes. Le président de la Chambre indonésienne des députés, Akbar Tandjung, s’est fait menaçant : “Si la revendication de l’indépendance demeure un discours, c’est acceptable ; mais si l’action suit, le chef des forces armées prendra des mesures rigoureuses ». Le président Abdurrahman Wahid, après avoir renoncé le 29 mai à inaugurer en personne le Congrès, s’est montré moins virulent, déclarant seulement qu’il jugeait cette assemblée “illégitime et peu représentative », “les Papous favorables à l’intégration (à l’Indonésie) et hostiles à l’indépendance ayant été empêchés de participer au Congrès ».
Par une mesure destinée apparemment à apaiser les esprits en Papouasie, le 10 juin, Hasballah Saad, ministre des Droits de l’homme dans le gouvernement Wahid, a annoncé lors d’une visite en Papouasie occidentale la mise sur pied d’une équipe chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme dans cette province. “En tant que première mesure, nous avons envoyé quatre personnes pour collecter les preuves d’abus des droits de l’homme en Irian Jaya. Si assez d’éléments sont rassemblés, nous coopérerons avec la police et les autres institutions chargées du respect de la loi afin que ces cas soient immédiatement portés devant la justice », a-t-il déclaré, tout en invitant les gens à la patience.
Peuplée aujourd’hui de 2,5 millions de personnes environ, la Papouasie occidentale n’a été indépendante qu’un court laps de temps au début des années 1960 quand les Pays-Bas, ancienne puissance coloniale, a accordé l’indépendance à ce territoire le 1er décembre 1961. Mais moins de deux ans plus tard, les Nations Unies, sous la pression des Etats-Unis, reconnaissaient la souveraineté de Djakarta sur cette province et, en 1969, l’ex-président Suharto y organisait un référendum au résultat controversé entérinant cet état de fait. Aujourd’hui, les Papous, en partie chrétiens, sont un peu plus d’un million et s’estiment marginalisés par les migrants venus de diverses parties de l’Indonésie à la recherche de terres à cultiver. Ayant le sentiment – justifié – de n’être pas traités en égaux par les Indonésiens, ils réclament davantage de pouvoir. Entre autres, ils veulent contrôler les riches ressources minières et forestières tirées de l’exploitation de leur province. La mine de Freeport-McMoran, située dans la province, est la plus importante mine d’or et de cuivre au monde.