Eglises d'Asie – Indonésie
Sumatra : attentat et tentatives d’attentats dans des églises de Medan n’ont pas troublé le calme des chrétiens de la ville
Publié le 18/03/2010
Les responsables chrétiens du diocèse ont évité de commenter publiquement les incidents et ont surtout appelé les chrétiens au calme. Le vicaire général du diocèse, le P. Paulinus Simbolon, a condamné toutes les formes de violence y compris les attaques à la bombe contre les églises chrétiennes, tout en demandant aux catholiques de garder leur sang-froid. Le secrétaire de la section régionale de la Communion des Eglises protestantes en Indonésie, A.R. Parede, associé au président du Conseil des oulémas islamiques, a appelé la population à ne pas accorder à ces incidents des proportions qu’ils ne méritent pas. Le jour même des explosions, les dirigeants chrétiens et musulmans ont rencontré des officiers de l’armée et de la police pour rechercher ensemble les moyens de prévenir la violence. Ce même 28 mai, un communiqué signé des responsables des principales religions de la région, chrétiens, hindous, bouddhistes et musulmans, demandait aux habitants de Medan de ne pas céder à la provocation et de résister à toute tentative de rompre l’unité de la population.
Par ailleurs l’agence Fides a rapporté les propos du P. Ismartono, conseiller de la Conférence épiscopale indonésienne, affirmant que les vrais motifs des attentats récents n’étaient pas religieux mais politiques. Ils seraient l’ouvre d’une faction politique composée des partisans de l’ancien président Suharto voulant renverser le président actuel. Selon l’AFP, le ministre de la Défense Yuwono Sudarsono s’est fait lui-même publiquement l’écho de cette rumeur, début juin : des proches de l’ex-président Suharto seraient les instigateurs des explosions de violences confessionnelles qui secouent l’Indonésie de Aceh et Medan, à l’ouest de Sumatra, aux Moluques, à l’est, en passant par les Célèbes.
Le président Wahid appelle les chrétiens à la tolérance en s’appuyant sur le Concile Vatican II
Le président Abdurrahman Wahid a été invité à adresser la parole à la 11ème Assemblée de la Conférence chrétienne d’Asie (CCA), qui réunissait près de 400 délégués de la plupart des pays d’Asie du Sud-Est et des observateurs venus d’Australie, de Nouvelle Zélande, d’Amérique et d’Europe, le 31 juin à Manado, dans la province des Célèbes septentrionales. Il a invité les chrétiens et les musulmans à reconnaître, tolérer et respecter leurs différences qui sont, a-t-il souligné, des différences “dans la façon de communiquer avec Dieu
Dans la plupart des cas, selon le président, les conflits interreligieux ont pour cause l’absence de compréhension et de respect mutuels entre les adeptes de religions différentes. A ce propos, il a fait référence à la doctrine du Concile Vatican II sur la tolérance religieuse, telle qu’on peut la trouver dans la Déclaration sur les relations de l’Eglise et des religions non chrétiennes (Nostra Aetate) : “D’un côté, l’Eglise catholique maintient que la vérité se trouve chez elle, de l’autre elle apprécie la vérité rencontrée dans les autres religions a commenté le président qui est de confession musulmane. Il a fait remarquer que la tolérance ne saurait être un but en soi, mais un moyen de faire régner la concorde dans la société. C’est donc une qualité de dirigeant, puisque toutes les décisions que celui-ci prend sont au service du bien-être et de l’intérêt de la population. Le président a ensuite fait le point devant l’Assemblée sur les conflits interreligieux à Amboine et en d’autres endroits des Moluques, à Poso dans la province des Célèbes centrales et ailleurs en Indonésie. Il a exposé les mesures prises par le nouveau gouvernement pour régler ces problèmes.
Mgr Josephus Suwatan, évêque de Manado et président de la Conférence épiscopale indonésienne, qui représentait la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) à l’Assemblée, s’est félicité des propos tenus par le président sur le dialogue interreligieux. “C’est une contribution positive susceptible de restaurer l’image du pays aux yeux de la communauté internationale à laquelle l’Indonésie a, jusqu’à aujourd’hui, fait une mauvaise impression. Nous sommes fiers d’avoir un président qui éprouve une haute considération et beaucoup de respect pour les autres religions ».