Eglises d'Asie

Célèbes : la paroisse de Poso est contrainte de cesser de fonctionner après les violences dont la ville a été le théâtre le mois dernier

Publié le 18/03/2010




Après les violences qui ont secoué la ville de Poso en mai dernier au cours desquelles l’église et ses dépendances ont été incendiées (17), la paroisse catholique de Poso se voit contrainte de cesser toute activité. Selon le P. Bayu Nuyartanto, curé de la paroisse Ste Thérèse, à Poso, la plupart de ses paroissiens ont fui et se sont cachés dans les villages chrétiens dispersés dans les collines alentour. Durant les deux jours qu’a duré l’attaque, les 23 et 24 mai, les militants musulmans ont incendié l’unique église catholique de Poso ainsi que ses dépendances dont deux écoles, l’internat et l’orphelinat. Les blessés ont été nombreux. Le prêtre s’est réfugié dans les locaux de l’évêché de Manado, la capitale de la province septentrionale des Célèbes. Depuis, ses paroissiens, dispersés, n’ont plus accès aux sacrements. « Les laïcs se rencontrent dans une maison proche de Poso et ce sont eux qui président la liturgie de la Parole », précise le prêtre.

Selon Mgr Joseph Suwatan, évêque de Manado, la situation à Poso est semblable à celle d’Amboine ou de Ternate aux Moluques. Dans ces régions, les affrontements de l’an dernier et de cette année, ont fait des milliers de morts et détruit la plupart des bâtiments d’Eglise. « Nous attendons le retour à la normale à Poso. Nous hébergeons le curé de la paroisse dans les locaux de l’évêché à Manado. Il nous faut penser à l’avenir et nous envisageons de déplacer la paroisse dans un lieu plus sûr ». Le P. Nuyartanto souhaiterait s’installer dans le village de Betelem, à 200 km au sud-est de Poso, centre géographique de cette immense paroisse qui compte 27 postes paroissiaux dispersés à travers toute la région. Les autorités locales, qui, déjà, n’avaient pas su gérer les deux précédentes attaques, affirme-t-il, n’ont rien fait pour éviter l’escalade des violences. La première émeute de décembre 1999 avait été déclenchée par une bagarre entre un chrétien ivre et un musulman. En avril de cette année, lors d’une nouvelle émeute, quatre églises chrétiennes ont été incendiées, seule l’église catholique étant épargnée. Le 23 et 24 mai, l’origine de l’émeute a été une rumeur selon laquelle les chrétiens s’étaient rassemblés dans un village aux environs de Poso et s’apprêtaient à marcher sur la ville pour s’emparer du pouvoir tenu par les musulmans. Sur la foi de ces rumeurs, ceux-ci s’en sont pris aux maisons des chrétiens à l’aube du 23 mai. Cette fois-ci, c’est l’église Ste Thérèse qui a brûlé ainsi que ses dépendances (écoles, internat et orphelinat). Selon le prêtre, l’incendie de l’église ne doit rien au hasard, les émeutiers musulmans prétextant que le bâtiment servait de refuge à des émeutiers chrétiens.