Eglises d'Asie – Inde
Kerala : les dalits chrétiens en lutte pour l’égalité des droits mettent fin à un sit-in de sept ans
Publié le 18/03/2010
Depuis des années, les dalits chrétiens demandent au gouvernement que leur soient accordées les mêmes garanties sociales, économiques et culturelles que celles accordées aux dalits appartenant aux confessions hindoue, sikh ou bouddhiste. Un des responsables de la DCA, le révérend Moses, raconte comment, à l’époque, lui et quelques autres dalits chrétiens, ont commencé leur sit–in en construisant une simple cahute non loin des bureaux du ministre-président. “Nous avions tous des familles et un travail mais on se relayait », dit-il, ajoutant que ce mouvement de protestation a tenu toutes ces années durant parce que les participants étaient tous volontaires : “Nous n’avons jamais forcé quiconque à rejoindre notre camp dit-il. Des religieuses et des prêtres leur apportaient de l’eau et de la nourriture. “Nous nous étions mis au service de la communauté et elle se dévouait pour nous. Chaque jour, des manifestants venaient nous épauler », commente le révérend Swamidas.
Des membres de la DCA soulignent que tous les partis politiques importants, excepté le BJP (Bharatiya Janata Party), pro-hindou, leur ont envoyé un émissaire. “Les hommes politiques nous ont toujours affirmé qu’ils appuyaient nos revendications mais, arrivés au gouvernement, ils nous oubliaient », explique Raju Mathew qui a participé au sit–in huit mois durant. Il rappelle qu’au début du mouvement, une coalition, dirigée par le Parti du Congrès alors au gouvernement et les communistes dans l’opposition, avait promis d’examiner de près leurs demandes. Pourtant, pas un seul dirigeant communiste n’est venu les rencontrer quand la coalition conduite par eux eut gagné les élections de 1996. K. M. David, qui a assumé, lui aussi, des responsabilités durant le sit–in, raconte comment les membres de l’association s’étaient fait des amis parmi les groupes protestataires voisins. “Nous sommes devenus de bons amis parce que nos méthodes étaient les mêmes, le sit-in. Ce sont nos objectifs qui étaient différents ». David considère ceux qui sont morts durant ces sept ans comme des héros. “Ils ne sont pas morts dans le camp. Deux sont morts à cause de leur grand âge et les deux autres à cause de problèmes de santé ». George Mullickal, qui s’est joint au sit-in des protestataires pendant deux mois, dit regretter que le gouvernement n’ait jamais accepté d’examiner leurs demandes : “C’est triste de devoir lever le camp les mains vides », conclue-t-il.