Eglises d'Asie

La Commission nationale des droits de l’homme ouvre une enquête sur les violences anti-chrétiennes qui se multiplient

Publié le 18/03/2010




Le 23 juin 2000, la Commission nationale des droits de l’homme a officiellement demandé au gouvernement fédéral et aux gouvernements de tous les Etats de l’Union indienne, un rapport sur la politique qu’ils suivaient pour éliminer les violences anti-chrétiennes dans le pays. La commission a donné quinze jours aux gouvernements pour compléter leur rapport et expliquer les mesures prises pour préserver “la crédibilité laïque » du pays et accomplir la promesse de “fraternité » contenue dans la constitution.

L’initiative de la Commission nationale des droits de l’homme survient à la suite d’un appel lancé par les dirigeants des Eglises chrétiennes. Dans un communiqué, la commission ajoute que de très nombreuses pétitions dans le même sens lui sont parvenues de différentes régions du pays.

Depuis le mois de janvier, 60 incidents anti-chrétiens ont été dénombrés à travers le pays. Un frère missionnaire a été assassiné le 7 juin à Nawada, dans le diocèse d’Agra (8), et deux pasteurs protestants ont subi le même sort au cours de cette période (9). Le 11 avril, un prêtre et plusieurs religieuses ont été violemment battus dans le même diocèse d’Agra, au nord du pays.

Pour faire face à cette situation, les Eglises catholique et protestantes organisent une journée nationale de prière pour l’harmonie interreligieuse, le 2 juillet. Selon un communiqué de la Conférence épiscopale catholique du 21 juin, cette journée ocuménique de prière est destinée à manifester l’inquiétude grandissante des chrétiens devant la montée des violences.

De son côté, le Vanvasi Kalyan Ashram, un groupe hindou nationaliste, dénonce, dans un communiqué du 20 juin, le “complexe de persécution » des chrétiens qui essaient d’attirer à eux l’attention des médias et recherchent des gains politiques. Le porte-parole du groupe, Surya Narayan Saxena, estime aussi que les guérillas du nord-est de l’Inde sont encouragées par les Eglises chrétiennes. Il demande par ailleurs que les chrétiens déclarent un moratoire unilatéral sur les conversions », car, dit-il, les violences se produisent précisément là où les missionnaires s’adonnent aux conversions.

Dans sa première intervention devant la presse, le nouveau président de la Conférence épiscopale catholique, Mgr Cyril Mar Baselios, archevêque de Trivandrum, a souligné quant à lui la volonté de l’Eglise de dialoguer avec les groupes nationalistes hindous afin de mettre un terme à la violence : “L’Eglise invite à une communication réelle et à un dialogue avec le gouvernement et les groupes fondamentalistes hindous qui soutiennent les activités antichrétiennes. (Dans ce but), comme point de départ du dialogue, l’Eglise est prête à oublier et pardonner les agressions antichrétiennes, même si elles sont la principale source d’inquiétude ».

Au cours de la même intervention, Mgr Cyril Mar Baselios a réitéré la conviction intime des dirigeants chrétiens selon laquelle le gouvernement fédéral, ou une partie de celui-ci, tolère en silence les actions des forces fondamentalistes hindoues, ce qui est une cause d’inquiétude pour l’Eglise comme pour le pays ».