Eglises d'Asie

Le secrétaire de la Conférence épiscopale dresse un bilan des 25 dernières années de la vie de l’Eglise au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Dans une interview accordée à l’agence Ucanews, le secrétaire de la Conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Barthélémy Nguyên Son Lâm, aujourd’hui évêque de Thanh Hoa au Nord-Vietnam, a dressé un panorama de l’histoire de l’Eglise du Vietnam depuis le changement de régime d’avril 1975. Il en a marqué les grandes étapes et a souligné les changements qui se sont produits au sein de la chrétienté vietnamienne et ont peu à peu changé ses rapports à la société de son pays.

Les cinq années qui ont suivi le changement de pouvoir de 1975 au Sud-Vietnam n’ont apporté à la vie de l’Eglise aucun progrès significatif a observé Mgr Lâm. Mais l’année 1980, marquée par l’établissement de la Conférence épiscopale nationale et la première lettre pastorale commune de celle-ci, doit être considérée comme un tournant historique pour la communauté chrétienne. Avant cette date, tous les séminaires du Vietnam avaient été fermés et, en conséquence, aucune ordination sacerdotale n’était plus possible, ce qui rendait l’avenir de l’Eglise incertain. Après 1980, six séminaires ont été ouverts à nouveau dans le pays. Il y a actuellement 2 300 prêtres et religieux diocésains au Vietnam, dont une bonne moitié avait interrompu les études en 1975. Ils ont achevé leur formation dans les nouveaux séminaires. Ainsi pour le diocèse de Thanh Hoa dont Mgr Lâm est l’évêque, seuls 13 des 35 prêtres actuels étaient ordonnés lors de l’ouverture du séminaire actuel, destiné aux diocèses de Vinh et de Thanh Hoa. Désormais, chaque année, une douzaine de prêtres sortent de ce séminaire et, dans quatre ou cinq ans, toutes les paroisses du diocèse auront leur curé. Les difficultés cependant subsistent. Les laïques qui forment la majorité du peuple de Dieu ont besoin d’une formation qu’il est difficile de leur fournir aujourd’hui.

Pour Mgr Lâm, au cours de ces dernières années, l’Eglise du Vietnam a suivi une évolution lente mais sûre la conduisant à se montrer plus active à l’égard de la société et plus intégrée dans la communauté nationale. Grâce à ses jeunes, l’Eglise catholique au Vietnam déploie une nouvelle vitalité et fait preuve d’un exceptionnel optimisme. Le clergé joue aujourd’hui un rôle social de plus en plus apprécié par la société. En particulier, les congrégations religieuses, en dépit des circonstances difficiles qui leur ont été souvent imposées, se sont presque toutes engagées, quelquefois très profondément, dans un secteur social particulier.

Le secrétaire de la Conférence épiscopale a parlé ensuite des relations entretenues avec la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) par l’Eglise du Vietnam. Le gouvernement vietnamien n’a pas encore reconnu le statut de la conférence vietnamienne, membre à part entière de la FABC. Pour cette raison, il n’existe pas encore de liens formels. Cependant l’évêque vietnamien s’est dit persuadé que l’Eglise du Vietnam retirerait de grands bénéfices de contacts officiels avec la FABC. En particulier, les catholiques du Vietnam ont beaucoup à apprendre des chrétiens des autres Eglises d’Asie, qui quelquefois vivent leur foi dans des circonstances encore plus difficiles que les leurs.

En conclusion, il a été question de l’établissement éventuel des relations diplomatiques entre le Vietnam et le Saint-Siège. Au cours de ces dix dernières années, a dit l’évêque, entre le Vietnam et le SaintSiège, des étapes significatives ont été franchies, grâce aux visites de délégations du SaintSiège au Vietnam pour y négocier. Je pense que la confiance mutuelle est aujourd’hui poussée assez loin des deux côtés pour permettre l’établissement de relations diplomatiques. Le plus tôt sera le mieux. Ces relations profiteront aussi bien à la communauté catholique qu’à la communauté nationale ».