Eglises d'Asie

MESSAGE DE L’ÉVÊQUE D’AMBOINE À PROPOS DES VIOLENCES DONT SONT VICTIMES LES CHRÉTIENS AUX MOLUQUES

Publié le 18/03/2010




Les troubles aux Moluques, qui durent maintenant depuis presque un an et demi et qui ont fait des milliers de morts et causé de considérables dégâts matériels, ont commencé par un conflit entre des groupes chrétiens et des groupes musulmans. Cependant, depuis l’arrivée de milliers de combattants de la guerre sainte (djihad), équipés avec des armes à feu et des armes blanches, ces troubles ne peuvent plus être considérés comme un simple conflit. Une entreprise préméditée de nettoyer les Moluques de toute présence chrétienne est en cours. Une partie des forces de l’ordre sympathise apparemment avec ces guerriers du djihad. Ceux parmi les soldats qui ne sympathisent pas avec ces forces sont en trop petit nombre et craignent pour leur vie – à de nombreuses reprises, ils ont fait retraite dès que les attaques ont commencé.

Les preuves les plus évidentes de ce changement de nature dans les troubles des Moluques (du conflit au massacre) sont fournies par les tristes événements suivants :

* Aux Moluques septentrionales : Selon le témoignage du P. Titus Rahail, curé de Tobelo, et du pasteur Z. Dungir, qui se trouvait à Duma au moment des faits mais qui a pu s’échapper et gagner Tobelo, le 19 juin, à 5 heures du matin, le village chrétien de Duma / Gelela, situé sur l’île de Halmahera, a été attaqué par au moins 5 000 combattants musulmans. 176 personnes de ce village ont été tuées, 137 autres blessées, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Dix femmes et vingt enfants ont, semble-t-il, été kidnappés. Le temple protestant et toutes les personnes qui y avaient trouvé refuge ont été brûlés. 292 habitations ont été détruites par le feu. Les militaires chargés du maintien de l’ordre, l’unité Yonif 512 / Brawijaya, se sont, semble-t-il, retirés avant que l’attaque ne soit déclenchée, mis à part certains qui ont ouvert la voix aux combattants du djihad pour que ces derniers perpétuent leur holocauste. Ces tristes événements et ceux qui ont suivi ont été à peine rapportés dans les médias nationaux, que ce soit dans la presse écrite ou la radio et la télévision.

* A Amboine : Le 12 juin, plusieurs milliers de combattants musulmans sont descendus de la colline de Malintang et ont attaqué les villages de Galala et e Hative Kecil, à la périphérie d’Amboine. Une trentaine de maisons et l’église catholique ont été réduites en cendre. Les assaillants n’ont quasiment pas rencontré de résistance. Au moment de l’attaque, on rapporte que les forces de sécurité présentes sur place se sont battues entre elles. Six personnes ont été tuées, dont deux policiers Brimob ; seize autres personnes ont été blessées.

Le 21 juin, Tantui, un village où les forces de police Brimob ont leur quartier général et qui est situé entre Hative Kecil et la ville d’Amboine, a été attaqué. Une fois encore, les chrétiens ont été quasiment laissés à eux-mêmes. Résultat : l’église catholique et le temple protestant d’Efrata ont été brûlés en même temps que des dizaines de maison et que les bâtiments de Brimob. Parmi les cinq victimes de cette attaque, on trouve le commandant en second de Brimob, Eddy Susanto. Les victimes sont peu nombreuses car, cette fois-ci, les villageois avaient pu prendre la fuite à temps.

Qu’espérer à l’avenir ?

Apparemment, les forces musulmanes ne veulent pas seulement dominer aux Moluques ; elles ne veulent tout simplement pas de présence chrétienne aux Moluques. Aux Moluques septentrio-nales, elles sont déjà parvenues à leur but, à savoir nettoyer l’archipel de toute présence chrétienne : les îles de Ternate, Tidore, Morotai, Obi, Bacan, Sula sont entièrement musulmanes aujourd’hui. Seules les relativement petites îles de Mangole et de Taliabu ont été, jusqu’à maintenant, épargnées ; les musulmans et les chrétiens y vivent ensemble et en paix. L’île d’Amboine est de plus en plus encerclée par les troupes du djihad. Ainsi, ces dernières empêchent les chrétiens de fuir et d’échapper au massacre à grande échelle qu’elles prévoient et qu’elles sont en mesure de déclencher à tout moment.

Conclusion

Ce qui se passe en ce moment ne peut raisonnablement être décrit comme des “émeutes”. On peut parler de “violences”, de “conflit meurtrier” ou même de “guerre”. Etant donné que les récentes attaques perpétrées par des combattants musulmans contre des civils chrétiens n’ont aucun motif exprimé, on ne peut que les qualifier de meurtre prémédité de sang froid d’innocents. Les musulmans eux-mêmes le concèdent du haut de leurs mosquées où les haut-parleurs appellent à annihiler ces infidèles de chrétiens ».

Les forces de l’ordre, composées dans leur écrasante majorité de musulmans, ont à choisir entre se montrer fidèles à leur serment militaire ou à leur conviction religieuse. De plus, elles doivent faire face maintenant avec des combattants du djihad fortement motivés, aussi bien armés qu’elles. Tous ces facteurs font que de plus en plus elles choisissent de se ranger du côté des assaillants musulmans, les laissant perpétrer leur ouvre de destruction, et, dans de nombreux cas, les épaulant en tirant sur les mêmes cibles, à savoir les chrétiens.

Jusqu’à leur dernière goutte de sang, les chrétiens tentent de se défendre mais ils sont surpassés en nombre par les musulmans et ne disposent pas de véritables armes. Ils sont prêts à mourir, mais pas avant de dire au monde ce qu’ils subissent. Le gouvernement indonésien – bien qu’il souhaite sans aucun doute la fin de ces massacres – ne disposent pas des capacités militaires capables de mettre un terme à ces meurtres saints ». Les chrétiens lancent un appel urgent – peut-être le dernier – au monde extérieur, tout particulièrement aux Nations Unies, à son de Conseil de sécurité et sa Commission des droits de l’homme à intervenir et à venir rétablir la paix aux Moluques.