Eglises d'Asie

Mgr Alan de Lastic et les dirigeants chrétiens interpellent le gouvernement à propos des derniers attentats anti-chrétiens

Publié le 18/03/2010




Les dernières interventions de Mgr Alan de Lastic, avant sa mort accidentelle le 20 juin, auront été consacrées à mettre en garde le gouvernement contre l’actuelle escalade de violences hindouistes contre les chrétiens. Dans une conférence de presse tenue le 9 juin à New Delhi, il avait officiellement protesté contre les plus récents développements de la campagne anti-chrétienne et s’était adressé au gouvernement à ce sujet en termes particulièrement vigoureux. Après avoir rappelé que les derniers attentats étaient les plus odieux qui aient été commis depuis la venue au pouvoir du parti nationaliste BJP (Parti du peuple indien), il avait ainsi interpellé les dirigeants du pays : “Il est difficile et humiliant pour les chrétiens de devoir faire appel au gouvernement pour la sauvegarde de leur sécurité comme s’il s’agissait là d’une faveur ». Quelques jours plus tard, le 12 juin, le lendemain d’un nouvel attentat, il avait pris la tête d’une délégation de dirigeants chrétiens comprenant divers archevêques et évêques catholiques, ainsi que des représentants de l’Eglise protestante du Nord de l’Inde, des communautés méthodiste et baptiste, qui ont rencontré le Premier ministre et lui ont remis une lettre exigeant de lui les mesures nécessaires à l’arrêt des violences (7). A cette occasion, Mgr de Lastic avait parlé haut et fort : “Malgré l’actuelle effusion de sang, nous n’abandonnerons pas notre mission. Nous ne nous désengagerons pas de notre travail dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’amélioration sociale dans les régions rurales et urbaines ».

Il est vrai que l’inquiétude ne cesse de monter dans les milieux chrétiens devant la multiplication et le caractère de plus en plus odieux des derniers incidents. Le 11 juin dernier, le corps d’un prédicateur du néo-christianisme a été trouvé à demi brûlé dans le Penjab. Quatre jours plus tôt, le 7 juin, un frère de la congrégation missionnaire de saint François d’Assise avait été battu à mort, dans l’enceinte même de la mission où il travaillait en Uttar Pradesh, au nord de l’Inde. Le 8 juin, quatre bombes explosaient dans des églises de l’Andhra Pradesh, du Karnataka et de Goa, blessant quatre personnes.

Les déclarations des responsables du BJP et des autorités gouvernementales sur ces derniers attentats se sont voulues fermes mais n’ont pas directement mis en cause les groupes fondamentalistes hindous. Le jour même de la conférence de presse de Mgr de Lastic, le secrétaire général du BJP expliquait à la presse indienne que les cas de violences ne devaient pas être considérés comme des initiatives dirigées contre la communauté chrétienne Ils appelaient les chrétiens à ne pas se laisser piéger par les politiciens et à ne pas rejeter la faute sur les hindous. Le ministre de l’intérieur, L.K. Advani, dans les instructions données à une équipe chargée d’enquêter sur les explosions du 8 juin, accusait le Pakistan d’être à l’origine des récentes explosions destinées à semer la haine entre chrétiens et hindous.

Mgr de Lastic avait, dans sa première conférence de presse, critiqué à l’avance ce type d’argumentation destinée à écarter les fondamentalistes hindous de toute responsabilité et permettant de passer à des conclusions sans aucun fondement. Dans la lettre remise au Premier ministre, le 12 juin, les signataires, après avoir souligné que c’est la haine qui tue, quelle que soit la main qui tient le poignard ou déclenche la bombe », s’étaient déclarés attristés par le silence du gouvernement sur les véritables animateurs de cette campagne de haine contre une minorité religieuse.