Eglises d'Asie

Papouasie : les dirigeants catholiques demandent au gouvernement de ne point répliquer par la force à la volonté d’indépendance des Papous

Publié le 18/03/2010




Le président Abdurrahman Wahid avait réagi avec une certaine fermeté à la résolution adoptée par les 3 000 délégués de la Papouasie occidentale réunis en congrès à la fin du mois de mai, déclarant l’indépendance de leur pays hors de la tutelle de l’Indonésie (16). Il avait rejeté immédiatement cette résolution et averti que des mesures fortes seraient prises pour sauvegarder l’intégrité territoriale de l’Indonésie. Cependant, le 7 juin suivant, à la suite d’une réunion du gouvernement présidée par le chef d’Etat indonésien, le ton avait passablement changé et un ministre du gouvernement a déclaré que le pouvoir était résolu à user d’une approche persuasive dans sa réponse à la demande séparatiste de la population papoue.

Peu avant cette dernière déclaration gouvernementale, immédiatement après la clôture du Congrès controversé des militants papous, la Commission Justice et paix du diocèse de Jayapura, en la personne de son responsable, le P. Theo Van Den Broek, avait déjà suggéré qu’une telle réponse soit donnée par le gouvernement à la déclaration explosive des membres du Congrès. Il ne faut pas répondre par des actions violentes, avait-il déclaré. Le gouvernement ferait bien de tenter une approche humaine du problème fondée sur l’amour, la paix et la fraternité Il avait expliqué ensuite que la déclaration d’indépendance lancée par les 3 000 délégués rassemblés en Congrès était la conséquence de 38 années d’épreuves et d’humiliations, qui avaient laissé un goût amer à la population de Papouasie. Les violations des droits de l’homme ont été si nombreuses qu’ils ont le sentiment, aujourd’hui, de ne point appartenir à l’Indonésie ».

D’une façon générale, les dirigeants de l’Eglise catholique locale sont d’avis que ce problème ne devrait être abordé que par la voie des négociations et de la non-violence. L’évêque de Jayapura, Mgr Leo Laba Ladjar, a fait remarquer que le caractère des Papous était marqué par une grande fierté et que le gouvernement central pour répondre aux aspirations de ce peuple, devait en priorité accorder un grand respect à leur liberté et reconnaître leur dignité humaine. Un catholique papou, Lukas Karl Degey, membre du parti de Megawati Sukarnoputri, s’est dit lui aussi persuadé que la résolution adoptée par le congrès papou reflète le mécontentement de la population. Selon lui, il serait désastreux de régler le problème par des moyens militaires. Cela ne pourrait qu’aboutir à une guerre civile qui opposerait les partisans de l’indépendance et leurs adversaires pro-indonésiens. Dans ce cas, les événements sanglants du Timor oriental risqueraient bien de se répéter. Selon cet homme politique, le problème papou doit être réglé par la voie qu’il appelle culturelle, qui consiste à considérer les Papous comme des personnes possédant leur culture, leur dignité et les droits fondamentaux qui les accompagnent.

Le militant catholique a également noté que les promesses faites par le gouvernement en matière de développement et d’autonomie n’ont pas été réalisées, une autre raison pour laquelle les Papous ont cessé d’avoir confiance dans le gouvernement. C’est donc la confiance de la population qu’il est urgent de rétablir aujourd’hui.