Eglises d'Asie

RESPECTER ET GARANTIR LA LIBERTE DE CROYANCE ET DE RELIGION AINSI QUE LA LIBERTE DE NON-CROYANCE ET DE NON-RELIGION

Publié le 18/03/2010




Croyance et religion appartiennent à deux catégories différentes. La croyance est une catégorie psychologique relevant du domaine de la conscience, du sentiment et de l’idéal. La religion est une catégorie sociale appartenant au domaine de la réalité, de l’activité et de l’organisation.

Le Vietnam comporte de nombreuses religions et des millions de nos compatriotes adhèrent à des croyances religieuses différentes. La croyance religieuse constitue un besoin spirituel pour une partie de la population. Le Parti et l’Etat prônent l’application d’une politique inchangée de respect de la liberté de croyance et de noncroyance du peuple » (1).

Ainsi, la politique du Parti et de l’Etat possède un champ d’application fort large comprenant non seulement les domaines de la conscience, du sentiment et des idées, mais aussi celui de la réalité, de l’action et de l’organisation.

Elle poursuit un objectif élevé, l’union des païens et des croyants, l’unification de la totalité du peuple, l’édification et la défense de la patrie ».

La question de l’union du peuple tout entier doit être posée dans l’esprit de la résolution du bureau politique pour la 7ème session : La grande union nationale doit prendre l’objectif commun comme point de rassemblement de tous, tout en reconnaissant les différences qui ne s’opposent point à l’intérêt général d’une nation, dans laquelle tous les citoyens ensemble effacent les préjugés, les complexes, les inimitiés pour se tourner vers l’avenir, créer un esprit d’union, d’ouverture, de confiance mutuelle, en vue de l’indépendance de la patrie, la liberté et le bonheur du peuple » (2).

Cet objectif commun est de maintenir fermement l’indépendance et l’unité, la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire, lutter pour éliminer la pauvreté et l’arriération le plus rapidement possible, progresser vers la prospérité pour le peuple et la puissance pour le pays, réaliser le testament spirituel du président Chi Minh : Edifier un pays pacifique, unifié, indépendant, démocratique et prospère », apportant ainsi une contribution positive la réalisation de l’ouvre de paix, d’indépendance et de progrès dans le monde » (3).

La partie du peuple qui adhère à des croyances, à des religions, à une foi concernant le monde de l’audelà l’existence d’êtres spirituels, la loi du Karma (4), l’immortalité des âmes, bien que différente de celle qui n’adhère à aucune croyance et à aucune religion (c’est son droit, un droit respecté et garanti par notre Parti et notre Etat), poursuit, elle aussi, un objectif commun concernant le monde présent, la nation et le peuple.

L’Etat interdit absolument toute discrimination pour raison de croyance ou de religion Les citoyens, qu’ils adhèrent ou non à une religion, sont égaux devant la loi. Ils bénéficient de tous les droits civiques et assument la charge d’accomplir leurs devoirs civiques 

L’Etat garantit les activités religieuses accomplies dans l’intérêt des fidèles, quand celuici est légitime et conforme à la loi » et encourage les activités religieuses accomplies dans l’intérêt de la patrie et du peuple 

L’Etat exige seulement que les activités religieuses se conforment à la législation de l’Etat de la République socialiste du Vietnam » (5).

Depuis l’entière indépendance du Vietnam, le Parti et l’Etat ont maintenu une politique conséquente de respect de la liberté de croyance et de religion du peuple, d’union des croyants et des noncroyants, d’une union du peuple tout entier au service de l’édification et de la défense de la Patrie ».

Le bouddhisme

En ce qui concerne le bouddhisme, on peut faire état des acquis fondamentaux suivants :

En 1981, après deux ans de préparation et de négociations démocratiques, le Comité d’action pour l’unification du Bouddhisme, présidé par le vénérable Thich Tri Thu, recteur de l’institut de propagation du Dharma de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam, a convoqué un congrès de représentants (qu’on a appelé plus tard premier Congrès des représentants) de neuf branches bouddhistes vietnamiennes, dont trois étaient fort importantes, à savoir l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (au sud), le comité de liaison des bouddhistes patriotes (Hô Chi Minh-Ville) et l’Association bouddhiste unifiée du Vietnam (au nord) (6). Le Congrès a unifié le bouddhisme vietnamien dans une organisation commune l’Eglise bouddhiste vietnamienne.

A travers quatre congrès, l’Eglise bouddhiste du Vietnam s’est progressivement fortifiée et a accompli de nombreuses réalisations importantes comme par exemple la traduction en vietnamien de l’ensemble des textes canoniques bouddhistes (Dai Tang Kinh), une oeuvre grandiose qu’aucune autre association bouddhiste n’a pu réaliser. Elle a ouvert trois instituts d’études (de niveau universitaire) et 27 écoles d’études fondamentales sur le bouddhisme avec de nombreuses sections d’études supérieures, pour former les religieux. Le Comité central d’éducation des religieux et religieuses n’a cessé d’envoyer des religieux à l’étranger pour y faire des études, en Inde, en Chine, à Taiwan, au Japon, en Thaïlande et en France. Uniquement en Inde, on compte aujourd’hui 110 religieux, religieuses. Parmi eux, trente poursuivent des études de doctorat et 40 ont obtenu la maîtrise.

Selon les statistiques les plus récentes (1999), l’Eglise bouddhiste du Vietnam compte aujourd’hui 31 845 religieux et religieuses : 21 606 appartiennent au grand véhicule, 8 194 au petit véhicule d’origine khmère (parmi eux 401 sont vietnamiens) et 2 045 religieux mendiants. Le nombre d’édifices religieux est de 14 554 (12 779 pour le grand véhicule et 469 pour le petit véhicule) (…)

A vrai dire, on ne peut nier que dans le bouddhisme, il reste une minorité d’opposants. En 1984, la Sûreté de Hô Chi Minh-Ville a arrêté un certain nombre de religieux à la tête d’une organisation armée, ayant créé un maquis, achetant des armes et préconisant de renverser le régime de la République socialiste du Vietnam (7). Devant des preuves irréfutables, en 1986, le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville a conclu ce procès pour rébellion par deux condamnations à mort, une condamnation à vingt ans de prison et quelques condamnations à des peines plus légères. L’Eglise bouddhiste du Vietnam ayant officiellement demandé l’indulgence de l’Etat, en 1988, les autorités judiciaires ont révisé la sentence et commué la peine de mort en 20 ans de prison, et les 20 ans de prison en dix ans. Ces religieux (en réalité privés de leur statut de religieux) qui ont violé la loi ont été remis en liberté à l’occasion de l’amnistie accordée pour la fête nationale du 2 septembre 1998.

Le catholicisme

En ce qui concerne le catholicisme, le faits les plus significatifs sont les suivantes :

En 1980, la Conférence épiscopale a tenu sa première assemblée nationale et publié la lettre commune Vivre l’évangile au sein du peuple pour le service du bonheur de nos compatriotes » (8).

En 1983, le Comité d’action des vietnamiens catholiques vénérant le Seigneur, aimant leur patrie et la paix pour l’édification et la défense de la patrie socialiste convoqua un Congrès qui a fondé le Comité d’union des catholiques patriotes qui est devenu ensuite le Comité d’union du catholicisme vietnamien (9).

La Conférence épiscopale qui se tient à la tête de l’Eglise catholique du Vietnam comporte trois provinces ecclésiastiques et 25 diocèses, avec 38 évêques, 2 200 prêtres, 1 514 religieux, 10 647 religieuses, 548 séminaristes. L’Eglise vietnamienne possède 6 003 églises, chapelles et lieux de cultes pour les congrégations.

Ce sont les fêtes célébrées à La Vang (Quang Tri) en 1998 et 1999 qui ont produit la plus profonde impression. Elles ont eu lieu dans le cadre de la légalité de l’Etat et ont rassemblé plusieurs centaines de milliers de fidèles venant des 25 diocèses du Vietnam qui y ont participé en maintenant l’ordre et la sûreté sociales.

Le caodaïsme

Le caodaïsme est une religion qui s’est divisé en plus de 20 branches séparées, en opposition les unes avec les autres. En 1983, l’Etat et le Parti ont pris le parti de laisser se recomposer non pas une organisation commune unique pour toutes les branches, mais une structure administrative séparée pour chacune des branches.

En 1995, le caodaïsme Thiên Tiên, dont le Saint-Siège est à Bên Tre, est la première branche qui a tenu son congrès Van Linh pour restaurer ses activités religieuses. Dans la même année, les branches du caodaïsme, Chon Dao (dont le Saint-Siège est à Bac Liêu), Chiêu Minh Long Châu (dont le Saint-Siège est à Cân Tho), à tour de rôle, ont organisé un congrès de rénovation (nhonh sanh).

En 1996, ce fut le tour du caodaïsme du centre Vietnam, dit missionnaire (truyên Giao), dont le Saint-Siège est à Da Nang et enfin du caodaïsme de Tây Ninh dont le Saint-Siège est à Tây Ninh. C’est cette dernière branche qui est la plus importante. Elle avait à l’époque créé une force militaire collaborant avec les colonialistes français. Elle abrite beaucoup de groupes d’opposition. C’est pourquoi sa réorganisation n’est pas chose facile

En 1997, le caodaïsme Ban Chinh Dao (réformé) organisa son Congrès de restauration. Il s’agit là d’une importante branche qui durant la guerre de résistance anti-française et anti-américaine s’est manifesté par des contributions positives. Elle a reçu de l’Etat de très hautes décorations. Cependant, de nombreuses forces se sont liguées pour utiliser cette branche du caodaïsme au service de la réaction, se livrant au sabotage et la forçant à se diviser en une branche Ban Chinh de Bên Tre et une branche Ban Chinh de Do Thanh. Aujourd’hui, cette branche a procédé à sa restauration et est revenue à l’unité première.

A l’issue de ces congrès, se sont constituées des Eglises caodaïstes particulières issues de chacune des branches, dotée chacune d’une charte, d’orientations religieuses et d’un personnel dirigeant fonctionnant dans la cadre de la loi de l’Etat.

Le bouddhisme hoa hao

C’est le bouddhisme hoa hao qui présente la situation la plus compliquée de beaucoup. La vie monastique y est, en effet, menée à la maison. Parallèlement, le culte y est domestique. Avant 1975, les dirigeants du bouddhisme hoa hao avaient fondé l’organisation, le Parti social démocrate vietnamien, tout à la fois un parti politique et une force armée forte d’environ 20 000 militaires et de 300 000 membres des milices. En 1964, fut créé un système administratif à quatre échelons. Mais en 1967 des divisions se firent jour dans les organes dirigeants du bouddhisme hoa hao. En 1973, on comptait trois systèmes administratifs différents et opposés les uns aux autres. Par ailleurs, le bouddhisme hoa hao s’était doté d’un corps de miliciens destiné à assurer la sécurité et d’une université

A la libération, les forces armées de cette religion se sont rendues et ont remis leurs armes aux autorités révolutionnaires. Cependant, un certain nombre de dirigeants animés par de mauvaises intentions ont caché des armes. Le 19 juin 1975, après que furent découvertes et déterrées quatre caches d’armes à Phu Tân, le temple ancestral (Tô dinh) fit paraître un communiqué décrétant la dissolution de l’ensemble de l’appareil administratif et politique de cette religion.

En 1999, l’Etat a approuvé la tenue d’un Congrès de délégués des croyants hoa hao (des provinces et des villes de l’ancienne Cochinchine et de Hô Chi Minh-Ville) qui a chosi les membres d’un Comité de représentants du bouddhisme hoa hao, chargé des livres liturgiques, de l’orientation de la vie monastique, de l’organisation des cérémonies pour les fidèles.

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Selon les statistiques recueillies par le Commission nationale d’action populaire (agit-prop), en 1997, les religions au Vietnam comptaient le nombre de pratiquants (10) suivants :

L’ensemble des fidèles de toutes les religions s’élevait à 15 millions, soit 20 % de la population. Le décompte pour les diverses religions s’établissait comme suit : 7 378 417 bouddhistes, 4 952 605 catholiques, 403 238 protestants, 1 122 827 caodaïstes, 93 174 musulmans, 1 252 906 bouddhistes hoa hao.

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Vingt-cinq ans après la libération, certes, beaucoup de difficultés subsistent. Mais sur le plan des croyances et des religions, les acquis sont véritablement très importants et tous nos compatriotes s’en réjouissent.

Le 1er février 2000, à l’occasion de l’anniversaire des 70 ans du parti communiste vietnamien, les délégations des religions sont venue au siège du bureau exécutif du Comité central du Parti pour fêter le Parti. C’est ainsi que l’on a pu voir :

– une délégation du comité central de l’Eglise bouddhiste du Vietnam composée des bonzes supérieurs occupant les fonctions de président du Conseil “Chung Minh”, de vice-président du bureau permanent et de vice-président du Conseil d’administration ;

– une délégation de la Conférence épiscopale catholique, avec l’évêque responsable de la Commission des laïcs ;

– une délégation de l’association générale de l’Eglise évangélique du Vietnam (Nord-Vietnam) composée de trois pasteurs de Hai Duong et de Nam Dinh.

Pour conclure cet exposé, nous tenons à citer les paroles du secrétaire général du Parti communiste vietnamien prononcées lors de la réunion du Comité central du Front patriotique du Vietnam :

Les ressentiments, les haines les divisions entre les descendants de Lac Hông (les Vietnamiens) au cours du demisiècle écoulé, qui ont subsisté jusqu’à nos jours, ne sont pas imputables à notre peuple. Ils ne sont pas nés de lui mais de l’intervention des envahisseurs, des forces ennemies de notre peuple qui les ont provoquées. Le parti communiste combat et se sacrifie pour un unique but, pour que l’indépendance de la patrie soit défendue fermement, pour que la nation vietnamienne continue de vivre, que le peuple soit prospère, que la société soit juste et civilisée. Cette nouvelle année sera celle de la grande union nationale » (11).

(1) Premier paragraphe de la directive N( 37 CT.TW du Bureau politique, parue le 2 juillet 1997, traduite intégralement dans EDA 269, document annexe.

(2) Notes de l’auteur du texte : Résolution du Bureau politique N7 NQ/TU, 17 11 1993

(3) Ibid.

(4) Loi de causalité selon laquelle les actes faits dans la vie présente ont des conséquences dans une vie future

(5) Décret du gouvernement N( 26, 1999 NQCP, du 19 avril 1999. On peut trouver la traduction intégrale de ce dossier dans le document annexe de EDA 287

(6) On pourra lire des récits détaillés de la fondation de l’Eglise bouddhiste vietnamienne dans deux dossiers d’Asie. Le premier s’intitule Histoire récente du bouddhisme », et est paru dans le dossier N(3/92, supplément de EDA 151. Le second est le journal d’un des principaux artisans de cette création, à savoir Trung Hiêu, devenu ensuite dissident, paru dans un dossier, supplément d’EDA 217, sous le titre Un chemin sinueux ». Il faut aussi lire les commentaires critiques contenus dans diverses lettres du vénérable Thich Huyên Quang, traduites dans Eglises d’Asie.

(7) Les accusations étaient bien évidemment sans rapport avec une quelconque réalité. Le 22 mars 1984, la police pénétrait dans les pagodes de Gia Lam et dans l’université Van Hanh et arrêtait 12 religieux et religieuses. Parmi eux, il y avait Thich Tuê Sy, érudit de grande réputation, la religieuse, Thich Nu Tri Hai, traductrice de nombreux livres de philosophie et de religion, ancienne bibliothécaire en chef à l’Université bouddhique Van Hanh, Thich Tri Siêu, ancien professeur d’histoire à l’Université, et enfin Thich Nguyen Giac, professeur à l’école bouddhique de Gia Lam. Les religieux arrêtés restèrent en prison pendant plus de 4 ans sans être traduits devant un tribunal. En septembre 1988, ils fûrent conduits devant la Cour suprême de Chi MinhVille. Deux d’entre eux, Thich Tuê Sy (à l’étatcivil, Pham Van Thuong) et Thich Tri Siêu (à l’étatcivil, Le Manh That) étaient condamnés à mort. Les autres inculpés étaient condamnés à des peines de 4 à 15 ans de prison. Les condamnations scandalisèrent l’opinion publique internationale et les autorités furent obligées de revenir sur leur sentence en 1988. Sur tous ces faits voir le dossier supplément de EDA 151, Histoire récente du bouddhisme ».

(8) Traduite intégralement en français par IMSA, Flashes sur le Vietnam (Echanges France-Asie), octobre 1980

(9) On trouvera le compterendu détaillé de cette création dans les deux dossiers France Asie, 10/84 et 01/85, Le Comité d’union des catholiques patriotes »

En français dans le texte.

Kha Phiêu, Si l’on veut la grande union nationale, il faut réaliser la démocratie » Nhân Dân, 13/01/2000