Eglises d'Asie

Selon des milieux chrétiens, rebelles maoïstes et police sont également coupables de violations de droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




Après la publication du rapport annuel international (19) notant l’augmentation des violations des droits de l’homme dans le conflit qui oppose la police aux militants maoïstes dans le pays, certaines personnalités civiles et religieuses ont exprimé leur inquiétude à ce sujet, alors même que des négociations entre les deux adversaires venaient d’être entamées. La célèbre organisation internationale a, en effet noté, que ces violations étaient commises en nombre à peu près égal par l’une et l’autre parties.

Rabindra Khanal, un professeur de science politique à l’université Tribuwan de Kathmandou, après la lecture du rapport, s’est dit persuadé qu’après plusieurs décennies d’exercice de la démocratie, la constitution du Népal n’était pas encore respectée et que les droits de l’homme continuaient d’être violés même par la police. Il a en particulier noté que, dans les années 1989-19991, lors des manifestations de rue qui ont donné naissance à un régime démocratique pluraliste, il y avait eu moins de morts et de blessés que dans les conflits actuels. Plus de 300 personnes ont été tuées par la police en 1999, selon Amnesty, et à la mi-novembre 1999, 1 500 personnes étaient incarcérées au Népal, accusées d’être maoïstes ou sympathisantes des rebelles.

Cette guerre intérieure qui a commencé en 1996 a fait depuis cette date 1 300 morts et obligé des dizaines de milliers d’habitants à abandonner leurs domiciles pour éviter les combats. Le 19 juin dernier, 250 réfugiés déplacés par la rébellion maoïste, qui venaient d’accomplir une marche de 28 jours pour atteindre la capitale, ont manifesté pacifiquement à Kathmandou pour attirer l’attention de l’opinion publique sur leur sort. Environ 52 des 75 districts du pays, en particulier ceux de la région occidentale, sont affectés par les activités des guérilleros. Pour l’année 1999, la police dit avoir perdu 189 de ses agents au cours de divers heurts et escarmouches avec la guérilla maoïste.

Dans les milieux chrétiens, beaucoup pensent que la rébellion maoïste à des causes économiques beaucoup plus qu’idéologiques. Joseph Niraula, président du mouvement des travailleurs chrétiens, pense, par exemple, que le maoïsme des rebelles a très peu de choses à voir avec l’athéisme, mais beaucoup avec le chômage sévissant aujourd’hui dans les campagnes. Il considère la rébellion comme un message envoyé aux autorités par une population totalement négligée, à qui sont refusées les prestations les plus élémentaires, comme l’éducation et les soins de santé.

Certains prêtres catholiques, comme le curé de l’église de l’Assomption à Kathmandou, affirment même que, pour les catholiques, il n’y a pas de problème maoïste. Cependant, certains religieux et laïcs ont révélé que, depuis quatre ans, il n’est pas rare que des jeunes se déclarant maoïstes pénétrent dans les institutions catholiques, même à Kathmandou, pour y extorquer de l’argent, en exigeant des responsables que leur intrusion soit tenue secrète.