Eglises d'Asie

Des chrétiens chassés de leur village pourront y revenir vivre leur religion et y rebâtir leurs maisons

Publié le 18/03/2010




La communauté chrétienne du Népal avait été émue par les incidents survenus en février dernier au village de Gumda dans le district de Gorkha à quelque 150 km de Katmandou. Sans que les raisons exactes ayant motivé le conflit soient clairement déterminées, une partie de la population du village s’était retournée contre les chrétiens. Le 6 février, leur église avait été détruite. Le jour suivant, des bibles et l’équipement de l’église étaient brûlés. Un peu plus tard, 28 maisons étaient démolies tandis que 36 chrétiens étaient chassés hors du village. Les chrétiens expulsés étaient allés porter plainte au bureau du Comité pour le développement des villages, à la police et, en fin de compte, avec l’aide des dirigeants chrétiens de Katmandou, ils avaient envoyé une lettre de protestation au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. Pendant ce temps, d’autres habitants du village avaient porté plainte contre 12 chrétiens accusés d’avoir endommagé les temples locaux.

A l’invitation de l’Union nationale des Eglises au Népal, une vingtaine de dirigeants protestants se sont rencontrés, le 20 juin, à l’église Aradhana de Katmandou pour y discuter des dernières agressions subies par des chrétiens dans les zones rurales du pays et en particulier sur les incidents de Gumda. Les participants se sont mis d’accord sur l’attitude que devaient adopter les communautés chrétiennes afin de prévenir de prochaines attaques et de porter assistance aux chrétiens obligés de quitter leur domicile.

Les responsables protestants, tout en reconnaissant qu’il n’existait pas de persécution générale contre les chrétiens au Népal, ont cependant noté que des chrétiens dans quelques villages ont été menacés et physiquement agressés, leurs maisons ont été pillées, démolies et brûlées tandis que leur église était détruite. Ils ont proposé de nombreux commentaires et explications concernant cette affaire et d’autres actes d’hostilité envers les chrétiens. Le président de l’Union des Eglises a fait remarquer que même si, bien souvent, la Parole de Dieu se frayait un chemin à travers la souffrance des chrétiens, physique ou morale, il fallait cependant prendre garde que celle-ci ne décourage leur foi. Il s’est ensuite interrogé sur les responsables du climat d’hostilité entourant la communauté chrétienne ici et là : « La population locale, l’Etat ou nousmêmes »

Plusieurs responsables, analysant le comportement passé des chrétiens, leur ont proposé un changement radical de mentalité. Selon certains, en effet, les conflits surviennent bien souvent à cause de la distance qui sépare les communautés chrétiennes de l’ensemble de la population locale. Quelquefois, ce sont les diverses confessions chrétiennes elles-mêmes qui sont en lutte les unes contre les autres et présentent une étrange image du christianisme aux non-chrétiens. A ce propos, un des intervenants a noté la mauvaise impression donnée aux non-chrétiens par certains groupes chrétiens pratiquant une forme de culte où les jeunes filles dansent et les hommes frappent des mains. Beaucoup ont préconisé que les chrétiens recherchent davantage le soutien et l’appui de la population locale, ce qui éviterait d’aller demander assistance à la police et à l’armée.

Selon des nouvelles rapportées par la presse locale, l’affaire de Gumda a finalement eu un dénouement heureux. Dans un esprit d’apaisement, le 25 juin dernier, une rencontre a été organisée par les autorités locales du district de Gorkha, duquel dépend le village de Gumda. S’y trouvaient les 36 chrétiens expulsés de ce village, les responsables civils, des dirigeants chrétiens de niveau national et environ 300 bouddhistes. Au cours de la discussion, les chrétiens ont promis de se montrer davantage attentifs à la culture et aux coutumes locales, de ne pas faire travailler leurs boufs durant les jours des fêtes religieuses. Après des heures de discussion, les parties en conflit se sont serré la main et s’en sont allées réconciliées. Les 36 chrétiens ont été autorisés à regagner le village et à continuer d’y pratiquer le christianisme ; ils pourront y rebâtir leurs maisons.