Eglises d'Asie

Des villageois hindous viennent au secours de religieuses catholiques et, dans le même temps, des militants extrémistes hindous forcent des jésuites à fermer leur école

Publié le 18/03/2010




En Uttar Pradesh, des villageois hindous sont venus au secours de religieuses catholiques attaquées par des malfaiteurs tandis que, dans le même temps, des militants extrémistes hindous ont obligé des jésuites à fermer une de leurs écoles dans l’Etat du Gujarat. Ces deux Etats sont dirigés par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien – BJP), le parti qui dirige la coalition actuellement au pouvoir à New Del-hi. C’est chez eux que l’on comptabilise le plus grand nombre d’agressions anti-chrétiennes depuis deux ans.

Sour Liza, provinciale des Carmélites thérèsiennes, a dit son soulagement en apprenant l’intervention miraculeuse » des villageois venus au secours de ses religieuses à Judepyur, près de Jhansi, dans l’Uttar Pradesh. Selon Sour Liza, des assaillants ont tenté de pénétrer dans l’enceinte du noviciat des sours aux environs de minuit dans la nuit du 3 au 4 juillet, mais ils se sont enfuis quand les voisins des sours, alertés par les appels au secours de ces dernières, sont intervenus. Sour Liza précise que ces hommes avaient auparavant coupé la ligne téléphonique, molesté le gardien et ses chiens et brisé la porte d’entrée avant de s’enfuir dans le noir à l’arrivée des villageois. Une sour, qui avait entendu les chiens aboyer, avait regardé par la fenêtre et vu des hommes dans le jardin. Elle a alors donné l’alerte et réveillé ses compagnes qui, une fois montées à l’étage, ont appelé à l’aide. Sour Monica Eramullil, assistante de la maîtresse des novices, a précisé que le gardien blessé avait été admis à l’hôpital de Jhansi, mais que sa vie n’était pas en danger.

Sour Liza fait remarquer que la police n’a encore procédé à aucune arrestation même si plusieurs gradés sont venus enquêter sur place. Depuis, le couvent est gardé par des vigiles. Cette alerte a terrifié les sours qui sont au courant des attaques commises dans l’Uttar Pradesh cette année à l’encontre de chrétiens, précise la provinciale de la congrégation. Sour Eramullil explique que le couvent de Judepyur compte 14 novices, 4 religieuses et 3 aides mais que 10 religieuses, à la fin de leur noviciat, avaient été envoyées dans d’autres maisons pour y continuer leur formation. Cet incident représente la seizième attaque, en Uttar Pradesh, perpétrée contre des personnes ou des institutions catholiques depuis le mois de janvier dernier. Le 7 juin, un Frère franciscain a été battu à mort et le jeune cuisinier du foyer, témoin de la scène, est mort peu après, dans les locaux de la police, lors de sa garde à vue (2).

Par ailleurs, à Ahmedabad, dans l’Etat du Gujarat, des militants hindous ont envahi l’école des jésuites et obligé, sous la menace, les élèves à se joindre à leur procession annuelle. Selon le proviseur, le P. Hector Pinto, une vingtaine d’activistes du Bajrang Dal (Parti de Hanuman, une divinité hindoue qui a l’apparence d’un singe) sont entrés dans l’école, le 3 juillet, pour exiger que les élèves rejoignent le chariot de Jagannath, une divinité hindoue. Ces jeunes sont entrés dans mon bureau, raconte le P. Pinto, au moment où la procession passait à proximité de l’école. Ils ont protesté contre le fait que l’école soit ouverte pendant un festival hindou » et ont exigé l’interruption des cours, ordonnant que l’école soit désormais fermée lors de toutes les fêtes religieuses hindoues. Les cours ont alors été suspendus pour permettre aux lycéens de rentrer chez eux mais les responsables de l’école ont refusé de laisser partir les enfants des classes primaires (qui, pour la plupart, sont habituellement raccompagnés chez eux par leurs parents).

Harshad Parmar, un hindou qui participait à la procession, a déclaré qu’un certain nombre de groupes hindous cherchaient à profiter des processions religieuses pour susciter des mouvements de violence contre les musulmans. Maintenant, ce sont les écoles chrétiennes qu’ils visent », a-t-il précisé, expliquant que les extrémistes hindous parient sur la violence pour engranger des gains politiques. Plus de 100 cas de violences anti-chrétiennes ont été enregistrés l’an dernier dans l’Etat du Gujarat.