Eglises d'Asie

Hung Hoa : une chapelle destinée à remplacer l’église de Hoa Binh, démolie pendant la guerre franco-vietnamienne, attend encore d’être reconnue comme lieu de culte

Publié le 18/03/2010




La paroisse de Hoa Binh est une des dix paroisses de la province de Hoa Binh, une région montagneuse située à 75 km au sud-ouest de Hanoi, où a été édifié un immense complexe hydroélectrique qui fournit aujourd’hui la plus grande partie de l’énergie électrique du Nord-Vietnam. Elle est la seule à appartenir au diocèse de Hung Hoa ; les autres paroisses dépendent des diocèses de Hanoi ou de Phat Diêm. Dans un entretien avec l’agence Ucanews, quelques catholiques, les plus anciens, ont évoqué les difficultés qui ont jalonné leur vie chrétienne, la lutte menée par eux pour préserver leur foi et leur culte.

Martha Nguyên Thi Hoa, une femme de 76 ans qui est née et a vécu toute sa vie dans la paroisse, a des souvenirs qui remontent jusqu’à la fin des années 1940. C’était l’époque de la guerre franco-vietnamienne et les Français ont occupé la province de 1947 à 1953. C’est durant cette période que l’église a été détruite. Depuis lors, aucun lieu de culte n’a jamais été reconstruit pour abriter les prières et le culte de la communauté catholique de Hoa Binh. « Voilà des années, se souvient la vieille dame, que nous nous rassemblons pour la prière du dimanche dans les maisons privées des uns et des autres» Mais, grâce à ses assemblées domestiques, la communauté catholique n’a cessé de s’agrandir. Les anciens registres notent encore qu’en 1931, il n’y avait que 400 catholiques à Hoa Binh. Aux dires de Mme Hoa, ils sont aujourd’hui 1 500, alors que cinq ans plus tôt, selon des statistiques établies en 1995, les chrétiens y étaient au nombre de 1 000 environ.

La visite d’un prêtre à Hoa Binh est rare et, selon les directives gouvernementales, il ne peut célébrer la messe que dans les lieux de culte agréés par l’Etat – il n’y en a pas dans la paroisse. Alors, les jours de Pâques ou de Noël, ou à l’occasion des grands rassemblements du Jubilé de l’an 2000, chacun cotise un peu d’argent pour louer une voiture qui amène une grande partie de la communauté dans une église de Hung Hoa, de Hanoi ou encore de Phat Diêm, autant de lieux situés dans un rayon de 70 à 100 km. Les plus pauvres sont aidés par les plus aisés.

Mais voilà que, en 1998, une occasion s’est présentée. Les catholiques se sont rendus propriétaires d’un terrain de 200 mètres carrés comportant un bâtiment de 50 mètres carrés, dont ils ont fait une chapelle. Un conseil paroissial de laïcs a même été créé. Mais, selon le chef de ce conseil, encore provisoire, jusqu’ici les autorités locales n’ont pas permis aux prêtres de célébrer l’eucharistie dans la chapelle parce qu’elle n’est pas enregistrée et n’a pas reçu le statut officiel de lieu de culte. Les catéchistes ne peuvent pas davantage y dispenser leur enseignement. Les paroissiens qui veulent participer à la messe ou assister à un cours d’instruction religieuse doivent aller dans une autre église. Cependant, les catholiques de Hoa Binh peuvent se rassembler dans leur chapelle pour prier et même, avec l’autorisation du pouvoir local, y organiser des processions. Ils y utilisent des livres de prières vieux de plusieurs décennies. Aucun exemplaire de la nouvelle traduction de la Bible ou du nouveau catéchisme n’est encore parvenu jusqu’à la chapelle de Hoa Binh.

Les catholiques de Hoa Binh notent cependant quelques marques de libéralisation de la part de l’ad-ministration civile. On laisse maintenant le prêtre se rendre dans des maisons privées pour y admi-nistrer le sacrement des malades. Il célèbre même la messe des funérailles dans la maison du défunt.

La province de Hoa Binh qui avait été supprimée après la création de la République démocratique du Vietnam et intégrée dans la province de Ha Son Binh a été rétablie comme province le 26 décembre 1991, par décision de l’Assemblée nationale. D’une surface de 19 000 km², elle est habitée par 750 000 personnes dont 15 000 catholiques. Du point de vue ecclésiastique, elle dépend de trois diocèses.