Eglises d'Asie

Les évêques catholiques lancent un nouvel appel à la paix et à la cessation des combats dans le sud des Philippines

Publié le 18/03/2010




Réunis du 4 au 6 juillet pour leur 81ème assemblée plénière, les évêques catholiques philippins ont publié un “communiqué pastoral » intitulé “Un appel urgent pour la paix à Mindanao ». Soixante-neuf des quatre-vingt-douze membres de la Conférence épiscopale du pays étaient présents à cette réunion, qui se tient deux fois par an. Par cet “appel urgent », les évêques appellent une nouvelle fois le gouvernement philippin…

… et le Front moro de libération islamique (MILF) “à cesser toutes les hostilités armées et à retourner immédiatement à la table des négociations ».

Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato (un diocèse situé à Mindanao) et président de la Conférence épiscopale, a repris les mots de Jean-Paul II pour dire que le dialogue était l’unique et noble chemin pour parvenir à un accord et à la réconciliation ». Il a déclaré être conscient que la voie proposée par l’Eglise allait à l’encontre de l’opinion d’une partie de la société philippine, y compris de la majorité des catholiques. De récentes et officieuses enquêtes d’opinion montrent, en effet, que les appels du président Joseph Estrada à une intensification des opérations militaires con-tre les camps du MILF à Mindanao (6) rencontraient le soutien d’une partie importante du public.

Le président de la Conférence épiscopale a expliqué que la position des évêques était évangélique et non politique car la paix est au cour du message évangélique ». Il a ajouté que la guerre ne fait qu’accroître la division entre les chrétiens et les musulmans » et ruine le travail que l’Eglise aux Philippines a essayé de mener afin de réconcilier les musulmans et les chrétiens ». Mgr Quevedo faisait ici allusion, entre autres choses, aux forums qui réunissent régulièrement depuis 1996 oulémas musulmans et évêques catholiques (7) et aux semaines de la paix » organisées par des musulmans et des chrétiens à Mindanao (8).

Soulignant l’importance des déplacements de population depuis la reprise des combats entre l’armée et les combattants du MILF en avril dernier (plus de 600 000 personnes déplacées), Mgr Quevedo a qualifié d’incalculables » les conséquences de ces hostilités. La confiance, le respect pour les différences culturelles et religieuses et la compréhension mutuelle sont les pierres sur lesquelles une paix juste et durable doit être bâtie », concluent les évêques dans leur communiqué.

Sans évoquer directement la prise d’otages en cours sur l’île de Jolo (9), les évêques philippins ont condamné unilatéralement toutes les activités terroristes et les violations des droits de l’homme ». A Jolo, où le groupe Abu Sayyaf détient depuis le 23 avril une vingtaine d’otages asiatiques et occidentaux, treize évangélistes philippins, appartenant à la Croisade internationale du miracle de Jésus » et qui se sont rendus auprès des otages pour les réconforter et prier avec eux, sont désormais retenus eux aussi en otages. Un journaliste allemand du Spiegel et une équipe de télévision française de France 2 ont depuis également été faits otages.

Lundi 10 juillet, le président Estrada s’est rendu en personne au camp Abubakar, près de Cotabato, à Mindanao, pour déclarer : Nous avons gagné la guerre » et promettre d’écraser » le restant des forces du MILF. Le camp Abubakar, un des principaux camps du MILF, était la principale cible des forces armées de Manille depuis quelques semaines et il semble qu’il a été évacué par les hommes du MILF quelques temps avant d’être pris » par l’armée philippine. Le même jour, lundi 10 juillet, dans une lettre remise à des journalistes à Jolo, le groupe Abu Sayyaf a fait savoir qu’il demandait le retrait des troupes gouvernementales des territoires contrôlés par le MILF, sans quoi des répercussions négatives sur les treize nouveaux captifs (les 13 évangélistes) seront inévitables ».