Eglises d'Asie

Selon les évêques sud-coréens, une visite du pape en Corée du Nord ne pourra se faire que si le régime de Pyongyang autorise une vraie liberté de religion à son peuple

Publié le 18/03/2010




Le pape Jean-Paul II ne pourra visiter la Corée du Nord que lorsque celle-ci reconnaîtra officiellement l’existence de l’Eglise catholique sur son sol, autorisera la présence de prêtres résidents et y garantira une vraie liberté religieuse, ont déclaré les évêques sud-coréens. “La visite du pape en Corée du Nord ne sera possible que si le gouvernement nord-coréen autorise officiellement la présence de l’Eglise catholique sur son sol », a déclaré Mgr Nicolas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, dans un entretien accordé le 26 juin à la chaîne de télévision du diocèse, Pyonghwa (Paix) Television.

En réponse à la question d’un journaliste qui traçait un parallèle entre la visite du pape à Cuba en 1998 et une éventuelle visite du Saint-Père en Corée du Nord, Mgr Nicolas Cheong a fait remarquer que c’était le nombre substantiel » des catholiques dans à Cuba qui avait rendu possible la visite de Jean-Paul II. Mais, a-t-il poursuivi, pour les citoyens de la Corée du Nord, des mots comme Eglise’ ou foi’ sont loin d’être familiers ». Mgr Nicolas Cheong, qui est aussi administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang, en Corée du Nord, a ajouté que personne ne connaît le nombre de catholiques en Corée du Nord et aucun prêtre ne semble vivre et exercer un ministère bas ». Avant une éventuelle visite du pape à Pyongyang, l’archevêque de Séoul devrait pouvoir s’y rendre lui-même afin de la préparer, mais, a ajouté Mgr Cheong, une visite pastorale de l’archevêque de Séoul, en tant que chef religieux est impensable dans les circonstances actuelles : la liberté religieuse n’est pas assurée » en Corée du Nord. Seule une visite dans le cadre de l’aide humanitaire serait possible si le gouvernement nordcoréen m’invitait », a précisé Mgr Cheong qui espère que le régime socialiste saura aborder les problème religieux avec une grande prudence ».

D’après le Comité épiscopal pour la réconciliation du peuple coréen, la Corée du Nord ne dispose que d’une seule église, à Pyongyang, et compterait quelque 3 000 catholiques mais aucun prêtre. En 1945, au moment de la partition du pays en deux, le Nord comptait 55 000 catholiques, trois évêques et 80 prêtres. La moitié des catholiques s’est enfuie au Sud et on est sans nouvelles de l’autre moitié. Le président de ce Comité, Mgr Peter Kang Woo-il, évêque auxiliaire de Séoul, estime lui aussi que cette visite papale ne pourra se faire qu’une fois autorisée officiellement la présence de prêtres résidents en Corée du Nord. L’Eglise, en tant que telle, est composée au minimum de deux composantes un clergé et un laïcat. Or, au Nord, il n’y a pas de prêtres », souligne Mgr Kang qui fait remarquer qu’il y a, par contre, beaucoup de prêtres en Chine. A l’hebdomadaire catholique Pyonghwa Shinmun, il a déclaré, le 19 juin, que le gouvernement nord-coréen devait s’engager, avant d’envisager une visite du pape, à autoriser des prêtres catholiques à résider et vivre en Corée du Nord.

Le Père abbé bénédictin, Placid Ri Tong-ho, administrateur apostolique du diocèse d’Hamhung et de l’abbaye de Tokwon, l’un et l’autre en territoire nord-coréen, a déclaré pour sa part aux journalistes de l’agence Ucanews, le 20 juin, qu’une visite papale serait difficile à réaliser dans un avenir proche puisque le Nord n’avait pas d’Eglise catholique officielle ». Il a redit cependant combien il espérait que cette visite se fasse rapidement et qu’ainsi la péninsule coréenne puisse vivre réconciliée dans la paix.

Le 17 juin, le Bureau de presse du Vatican a confirmé l’invitation formelle adressée au Souverain Pontife de se rendre en Corée du Nord. C’est l’ambassadeur sud-coréen auprès du Saint-Siège, Andrew Bae Yang-il, qui a remis cette invitation à Mgr Jean-Louis Tauran, de la Secrétairerie d’Etat. Le président sud-coréen, Kim Dae-jung, un catholique, avait annoncé lui-même à Séoul, le 16 juin, que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-il, avait dit, au cours de leur rencontre à Pyongyang, n’être pas opposé au principe d’une visite du pape en Corée du Nord (16).