Eglises d'Asie

Tandis que le pape lance un appel pour la sécurité des chrétiens, les autorités civiles indiennes se demandent comment mettre un terme aux violences

Publié le 18/03/2010




Deux appels en rapport avec la sécurité des chrétiens en Inde se sont succédés le 27 et 28 juin, émanant de sources différentes et relevant d’inspirations fort éloignées l’une de l’autre. L’un des deux a été prononcé à Rome par le pape Jean-Paul II qui a renouvelé aux autorités indiennes des recommandations qu’il avait déjà exprimées dans un communiqué paru après la récente visite du Premier ministre indien au Vatican, Atal Behari Vajpayee. La seconde intervention est venue du ministère de l’Intérieur indien. Son responsable, L.K. Advani, a évoqué la situation des chrétiens en Inde et annoncé, pour le mois d’août, une réunion de tous les ministres-présidents des 25 Etats de l’Inde consacrée à débattre de ce problème.

Au cours de l’audience générale hebdomadaire du 28 juin, le pape Jean-Paul II, a, en effet, éprouvé le besoin de révéler, une seconde fois, l’inquiétude éprouvée par lui au sujet de la situation des chrétiens en Inde. Il a en particulier déclaré : Des nouvelles préoccupantes nous parviennent de l’Inde, , dernièrement, l’on a enregistré de nombreuses agressions contre les communautés chrétiennes et d’autres minorités, les plus graves, selon les évêques du pays, depuis que l’Inde est devenue indépendante» Il a ajouté : Je renouvelle mon appel empressé afin que cessent de telles atroces violences. J’ose espérer que leurs auteurs ou ceux qui les inspirent comprennent qu’on ne peut pas tuer et détruire au nom de la religion, ni manipuler la religion selon ses propres intérêts» Un communiqué publié, deux jours plus tôt, immédiatement après la rencontre du Premier ministre indien avec le pape avait évoqué les récents actes de violence dont sont victimes les chrétiens et l’Eglise catholique en particulier » et fait appel aux traditions de tolérance religieuse en Inde ».

La veille du jour où furent prononcées ces déclarations, le ministre de l’Intérieur avait annoncé à New Delhi que le gouvernement fédéral avait convoqué, pour le 5 août prochain, l’ensemble des ministres-présidents des 25 Etats de la fédération indienne à une réunion où seront étudiés les divers problèmes concernant la sécurité intérieure, y compris les attaques récentes contre les chrétiens et leurs institutions. Le lendemain, lors d’une rencontre avec les chefs de la police fédérale et des fonctionnaires, destinée à établir le programme de la prochaine réunion d’août, le ministre a parlé des agressions anti-chrétiennes comme d’une série de fâcheux incidents » qui ne semblaient pas avoir pour origine une quelconque tension entre les communautés hindoue et chrétienne. On ne peut pas écarter l’éventualité, a-t-il poursuivi, que des éléments anti-indiens essaient de fomenter des troubles dans la société indienne pour salir sa réputation aux yeux de l’opinion internationale.

Ce type d’explication des incidents par une intervention d’origine étrangère est couramment utilisé par les divers groupes hindouistes. Il est souvent question d’un plan machiavélique ourdi par les services de renseignements du Pakistan, ayant pour objectif de déstabiliser le pays. Cependant, la plupart du temps, les fondamentalistes hindous affirment que ce sont les chrétiens eux-mêmes qui doivent être tenus pour responsables de la vague de violence qui les atteint. Elle serait due à la tension sociale résultant des conversions d’hindous opérés par les missionnaires. Les groupes hindouistes se défendent de recourir à la violence. Récemment, répondant à des accusations leur reprochant d’avoir favorisé la montée de la vague d’agressions dans le district de Mathura de l’Etat de l’Uttar Pradesh, les responsables de l’organisation d’extrême droite Bajrang Dal ont à leur tour pris à partie les associations chrétiennes et leurs alliés, coupables, selon eux, de déverser dans la presse une campagne de haine contre leur groupe.