Eglises d'Asie

Dans le projet de rapport pour le 9ème Congrès du Parti communiste, la croyance religieuse apparaît surtout comme une des multiples caractéristiques de la population vietnamienne

Publié le 18/03/2010




La préparation du 9ème Congrès du Parti communiste vietnamien qui devrait se tenir au cours du premier trimestre 2001, généralement présenté comme décisif pour l’avenir du Parti et de l’Etat qu’il dirige au Vietnam, est déjà sérieusement avancée. Le projet de rapport politique qui doit y être présenté est achevé et a été envoyé aux diverses sections du Parti de tout le pays pour y être soumis à l’appréciation de ses membres. Le 17 juillet dernier, Nguyên Phu Trong, membre du Bureau politique, dans un exposé fleuve prononcé à Hanoi, a développé ce qu’il a appelé les dix points fondamentaux du rapport politique. Le texte de cette intervention a été publié par le quotidien du Parti (33).

Déjà, le rapport politique présenté au 8ème Congrès qui s’était déroulé en juin 1996 (34) avait rompu avec une longue tradition selon laquelle la politique religieuse suivie par le Parti était soigneusement définie tous les cinq ans à l’occasion du Congrès à l’intention des participants. Le précédent rapport, en effet, avait gardé un silence complet à ce sujet. Dans sa présentation du nouveau rapport pour le prochain Congrès, le rapporteur du Bureau politique, lui aussi, a fait preuve d’une extrême discrétion. Il n’a guère fait qu’effleurer la question : le mot religion y est mentionné trois fois au chapitre VIII intitulé Accentuer le renforcement de l’unité du peuple tout entier 

A chaque fois, la religion est citée comme une des marques de la diversité de la population, une différence que le Parti a la charge de traiter afin qu’elle devienne une composante cohérente de l’unité de la population. Une première fois, la religion apparaît dans une liste de catégories de population s’opposant les unes aux autres ou différentes de la majorité. Elle est un des éléments d’une liste comprenant aussi les classes et les couches sociales, les minorités ethniques, les milieux, les classes d’âge, les régions, les communistes et les non-communistes… Le Parti doit réaliser l’unité de toutes ces composantes, une unité organique, puisque, souligne le texte, toutes ces catégories doivent devenir membres de la famille de la nation vietnamienne. On trouve une seconde mention à l’intérieur d’une liste de groupes (les classes, les minorités ethniques) pour lesquels le Parti et l’Etat doivent élaborer une politique particulière. Ici aussi, la religion est envisagée comme une différence à ménager au profit de la totalité. Enfin, c’est sous forme de problème qu’elle apparaît une dernière fois, dans une liste comportant le problème des minorités ethniques et le problème des Vietnamiens de la diaspora.

Bien que nulle part la question religieuse ne soit traitée par elle-même, cette façon de situer la religion donne une idée de la façon dont elle est perçue par les rédacteurs du rapport politique, à la fois comme une différence qui devrait renforcer l’effort d’unification et comme un problème embarrassant…

Cette place effacée de la religion dans le projet de rapport politique, comme une des différences, pour ne pas dire une des contradictions, présentées par la société actuelle, a peut-être une signification d’ordre plus général. Elle est significative de l’objectif principal que visent les auteurs du rapport : faire vivre des principes désuets, le marxisme-léninisme et la pensée de Hô Chi Minh, avec une réalité bien différente d’eux et fort difficile à maîtriser. Chacun des dix points présentés dans l’exposé comporte une contradiction de ce type et est marqué par cet effort de coexistence. Cela est particulièrement remarquable dans l’exposition de la voie économique à suivre durant l’époque actuelle, appelée depuis longtemps période transitoire d’entrée dans le socialisme ». L’économie de marché empruntée aux régimes capitalistes y coexiste avec une orientation socialiste, définie à la fois par son objectif, la fondation d’une société socialiste, et par le rôle qu’y jouent les entreprises d’Etat et la gestion économique de l’Etat.