Eglises d'Asie – Indonésie
Des miliciens pro-indonésiens s’opposent par la force au retour d’un groupe de religieuses au Timor-Oriental
Publié le 18/03/2010
Le 16, des hommes armés ont surgi des buissons pour arrêter la voiture des sours près de Salore, à 12 km au nord d’Atambua. « Ils ont inspecté l’intérieur, sorti et ouvert les bagages pour y prendre ce qui pouvait les intéresser », rapporte Sr Maria Karola. « Nos habits religieux et nos bibles ont été jetés dans les buissons et nos sous–vêtements lacérés à coups de couteaux. Ils avaient l’air vraiment méchants ». Silvester, leur chauffeur, a été saisi à la gorge, menacé d’être abattu mais finalement relâché grâce à la force de persuasion des sours. « Ils ont admonesté les sours, les ont traitées de menteuses et de soutiens inconditionnels de l’indépendance. Ils nous ont dits que nous n’avions pas à répondre à l’appel des autorités religieuses qui demandaient le retour des réfugiés » (15).
Mgr Antonius Pain Ratu, évêque d’Atambua, a condamné ce coup de force perpétré contre les religieuses : « C’est un acte barbare que personne ne peut tolérer. Nous demandons au gouvernement de fermer tous les camps contrôlés par les milices le long de la frontière [avec le Timor-Oriental] aussi rapidement que possible ». Il a également demandé à la police et à l’armée d’intervenir et de prendre des mesures draconiennes contre ces milices.
La congrégation des Filles de la Reine du Rosaire, basée à Larantuka, dans l’île majoritairement catholique de Flores, dispose de quatre maisons à Dili. Les sours avaient quitté le pays au moment des événements de septembre dernier et n’ont commencé que récemment à retourner au Timor-Oriental. Malgré les menaces des miliciens, environ 170 000 des 270 000 réfugiés est-timorais sont déjà rentrés au pays. Le 14 août, le gouvernement indonésien a annoncé que les camps de réfugiés au Timor occidental seraient fermés dans les six mois. « Le calendrier peut s’échelonner entre trois et six mois car il y a beaucoup de facteurs en jeu », a précisé Alwi Shihab, ministre des Affaires étrangères. Mais il a assuré que l’Indonésie était bien décidée à expulser les miliciens de leurs camps car, a-t-il reconnu, nous savons qu’ils essaient d’intimider les réfugiés et sabotent les programmes de rapatriement (16).