Eglises d'Asie

Des miliciens pro-indonésiens s’opposent par la force au retour d’un groupe de religieuses au Timor-Oriental

Publié le 18/03/2010




Des miliciens armés ont intercepté un groupe de cinq religieuses qui s’apprêtaient à entrer au Timor-Oriental et les ont contraintes à retourner à Atambua, capitale de la province indonésienne du Timor occidental. L’incident s’est produit le 16 août. C’était la seconde fois que des religieuses de la congrégation Puteri Reinha Rosari (Filles de la Reine du Rosaire) tentaient de quitter Atambua pour rejoindre Dili, capitale du Timor-Oriental. La première fois, le 13 août, elles avaient déjà été arrêtées par des miliciens.

Le 16, des hommes armés ont surgi des buissons pour arrêter la voiture des sours près de Salore, à 12 km au nord d’Atambua. « Ils ont inspecté l’intérieur, sorti et ouvert les bagages pour y prendre ce qui pouvait les intéresser », rapporte Sr Maria Karola. « Nos habits religieux et nos bibles ont été jetés dans les buissons et nos sousvêtements lacérés à coups de couteaux. Ils avaient l’air vraiment méchants ». Silvester, leur chauffeur, a été saisi à la gorge, menacé d’être abattu mais finalement relâché grâce à la force de persuasion des sours. « Ils ont admonesté les sours, les ont traitées de menteuses et de soutiens inconditionnels de l’indépendance. Ils nous ont dits que nous n’avions pas à répondre à l’appel des autorités religieuses qui demandaient le retour des réfugiés » (15).

Mgr Antonius Pain Ratu, évêque d’Atambua, a condamné ce coup de force perpétré contre les religieuses : « C’est un acte barbare que personne ne peut tolérer. Nous demandons au gouvernement de fermer tous les camps contrôlés par les milices le long de la frontière [avec le Timor-Oriental] aussi rapidement que possible ». Il a également demandé à la police et à l’armée d’intervenir et de prendre des mesures draconiennes contre ces milices.

La congrégation des Filles de la Reine du Rosaire, basée à Larantuka, dans l’île majoritairement catholique de Flores, dispose de quatre maisons à Dili. Les sours avaient quitté le pays au moment des événements de septembre dernier et n’ont commencé que récemment à retourner au Timor-Oriental. Malgré les menaces des miliciens, environ 170 000 des 270 000 réfugiés est-timorais sont déjà rentrés au pays. Le 14 août, le gouvernement indonésien a annoncé que les camps de réfugiés au Timor occidental seraient fermés dans les six mois. « Le calendrier peut s’échelonner entre trois et six mois car il y a beaucoup de facteurs en jeu », a précisé Alwi Shihab, ministre des Affaires étrangères. Mais il a assuré que l’Indonésie était bien décidée à expulser les miliciens de leurs camps car, a-t-il reconnu, nous savons qu’ils essaient d’intimider les réfugiés et sabotent les programmes de rapatriement (16).