Eglises d'Asie

La pression des autorités s’accentue sur le bouddhisme unifié

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre d’événements sont venus renforcer l’irritation des autorités vietnamiennes à l’égard des milieux du bouddhisme unifié, qui, depuis une dizaine d’années, refusent de se rallier à l’Eglise bouddhiste vietnamienne, Eglise membre du Front de la patrie et patronnée par l’Etat. Parmi ces événements, il faut citer l’organisation du huitième congrès du bouddhisme unifié en Californie au mois de mai 1999 qui a procédé à un certain nombre de nominations et d’ajustements dans l’administration de l’Eglise (35), l’envoi par l’Eglise bouddhiste unifiée de délégations porteuses d’aides dans les régions sinistrées lors des dernières inondations et certaines interventions publiques de religieux comme, par exemple, la lettre envoyée au gouvernement par le patriarche Thich Huyên Quang à l’occasion du 30 avril, proposant – entre autres choses – de faire du jour anniversaire de la libération de Saigon une journée de pénitence et de deuil (36). La pression exercée par le Bureau des Affaires religieuses pour entraîner religieux et fidèles à rejoindre les rangs de l’Eglise « officielle » s’intensifie. C’est ainsi que plusieurs personnalité religieuses du bouddhisme unifié ont reçu des visites de la police qui les ont interrogées sur divers sujets brûlants. Des rapports sur ces entrevues ont été transmis en Occident (37).

Le 5 juillet, le patriarche Thich Huyên Quang, toujours en résidence surveillée dans le Quang Nam, a dû répondre aux questions d’un groupe de six personnes, composé de fonctionnaires des Affaires religieuses et de la police. La lettre envoyée par le patriarche à l’occasion de l’anniversaire du 30 avril 1975 a fait l’objet de plusieurs questions. On a voulu savoir si quelqu’un d’autre avait écrit la lettre signée par le religieux. Celui-ci a répondu que les opinions étaient de lui et représentaient les aspirations de son Eglise. A un interlocuteur lui reprochant sa description pessimiste de la société vietnamienne et lui faisant remarquer que, depuis son assignation en résidence surveillée dans cette région isolée du Quang Nam, il ne pouvait pas constater les progrès accomplis par le pays, le religieux répondit que sa description n’avait utilisé que des sources gouvernementales. Enfin, à un policier qui sans courtoisie l’avait traité de « gâteux », il lui a demandé pourquoi, dans ce cas, ils étaient venus lui faire subir un interrogatoire.

Au début du mois de juillet, des pagodes de Hô Chi Minh-Ville abritant des membres de la hiérarchie de l’Institut de la propagation du dharma ont été cernées par la police et surveillées. A Dalat, dans le Quang Nam et dans le Quang Ngai, des responsables du mouvement bouddhiste « La famille bouddhiste » ont été soumis à des interrogatoires. Enfin deux religieux du quatrième arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, les vénérables Thich Quang Huê et Thich Tâm Dinh, supérieurs des pagodes de Thanh Tuyên et de Linh Son ont été convoqués pour interrogatoire, le 4 août dernier. Le premier, qui est également responsable de la Commission de bienfaisance sociale de l’Eglise, a été interrogé sur les voyages qu’il a accomplis dans les régions sinistrées du Centre pour y porter de l’aide, et sommé de ne pas continuer. Le second a été interrogé sur les raisons qui l’avaient poussé à s’écarter de l’Eglise « officielle ». Dans sa réponse, il a présenté l’Eglise bouddhiste membre du Front Patriotique comme un instrument du Parti communiste, chargé de dénoncer au pouvoir les activités des fidèles. Il a ajouté que, si la liberté religieuse existait au Vietnam, le bouddhisme unifié n’aurait pas eu besoin d’organiser son huitième congrès aux Etats-Unis. Il a également certifié que le mouvement du bouddhisme unifié était d’ordre purement religieux et n’avait aucune intention politique. Il ne cherchait pas à renverser le régime actuel.