Eglises d'Asie – Inde
L’Eglise catholique en Inde s’inquiète de la multiplication des victimes innocentes au Cachemire et propose de contribuer à une solution de paix
Publié le 18/03/2010
La situation s’est effectivement aggravée à partir du 1er août, une semaine seulement après un cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Hizbul Mujahideen, principal mouvement séparatiste musulman, et après le début de négociations du gouvernement indien avec certains séparatistes. Une série de massacres a eu lieu dans la soirée du 1er août et dans la journée qui a suivi. Huit attaques séparées ont été lancées qui, selon un bilan établi par la Croix-Rouge, ont fait au moins 98 morts. La plus grave d’entre elles a pris pour cible un campement de pèlerins hindous à Pahalgam, à environ 100 km au sud de Srinagar, capitale d’été du Cachemire indien. Trente civils y ont été tués. Sur le coup de minuit, c’était le tour de 18 ouvriers hindous d’une briqueterie de la localité d’Anantnag de tomber sous les balles d’individus masqués ayant ouvert le feu sur eux. Six autres massacres ont été perpétrés ce même jour dans l’Etat du Cachemire.
Selon les déclarations du Premier ministre, cette flambée de violences est à attribuer à des groupes séparatistes prêtant allégeance au Pakistan et ayant intérêt à faire dérailler le processus de paix déjà engagé. Un porte-parole de l’armée à New Delhi a accusé le groupe intégriste islamique Lashkar–e–Toiba, un des mouvements de guérilla musulmane au Cachemire, d’être à l’origine de ces massacres. Pendant la première moitié du mois d’août, la situation a été en se détériorant. Après des essais de négociation infructueux avec le gouvernement fédéral qui a refusé d’inclure le Pakistan dans les pourparlers de paix, le Hizbul Mujahideen déclarait, le 8 août, qu’il rompait le cessez-le-feu et reprenait les combats. L’armée indienne annonçait aussitôt qu’elle riposterait à toute attaque du mouvement séparatiste. Sans attendre, dès le lendemain, le groupe séparatiste attaquait une base militaire indienne et, le 10 août, revendiquait la responsabilité d’un attentat à la bombe qui a fait neuf morts et de nombreux blessés en plein centre de Srinagar. Le même mouvement reconnaissait également être l’auteur de deux autres attentats à la bombe près de la ville de Jammu, attentats qui ont tué cinq garde-frontières et en ont blessé 32 autres. Depuis cette date, les attentats se sont succédé, explosions de voitures piégées, attaques de village, allongeant la liste des victimes innocentes de ce conflit. Au 18 août, le bilan des victimes se montait à plus de 150 morts depuis le début du mois et à 1 615 depuis le début de l’année. A cette même date, le mouvement séparatiste Hizbul Majahideen proposait, à nouveau, la tenue de négociations avec l’Inde.
Dès le 2 août, l’Eglise catholique faisait connaître sa réprobation face au processus de violence qui s’est engagé. Le responsable des relations publiques de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde déclarait : “L’Eglise condamne la violence. Ce n’est pas en terrorisant les gens, que vous aboutirez à quelque chose ! » Il concluait en disant que l’Eglise se réjouirait de toute initiative gouvernementale en faveur de la paix, car elle croyait que tout différend pouvait être réglé au moyen du dialogue, par un processus démocratique.
Le lendemain, deux évêques de l’Etat du Gujarat, frontalier du Pakistan, Mgr Vinod Kumar Malviya, de l’Eglise (protestante) de l’Inde du Nord, et Mgr Stanislaus Fernandes, du diocèse catholique de Ahmedabad, condamnaient les massacres du 1er août dans un communiqué commun, alors qu’au même moment des groupes hindous organisaient une manifestation de protestation contre ces mêmes massacres. Cependant les évêques ajoutaient qu’il ne fallait prendre aucune initiative qui puisse détériorer encore une atmosphère déjà pesante. “Il n’y a pas d’autre solution que la paix concluaient-ils.
Par ailleurs, Mgr Peter Celestine Elampassery, évêque de Jammu-Srinagar, diocèse qui couvre la totalité du Cachemire – y compris la partie occupée par le Pakistan -, a fait savoir, le 12 août dernier, que les catholiques sont prêts à servir d’intermédiaires pour des négociations de paix si le gouvernement veut bien accepter leur proposition. Selon lui, l’Eglise locale est en position d’aider le gouvernement dans sa recherche d’une solution pacifique, grâce à ses missionnaires qui travaillent dans les régions reculées de l’Etat.