Eglises d'Asie – Inde
Les théologiens indiens critiquent les idées du nationalisme hindou et demandent à leur Eglise de puiser aux sources de la culture indienne
Publié le 18/03/2010
Toute une partie du document est consacrée à décrire le dialogue qui devrait s’instaurer entre le christianisme et les autres religions de l’Inde : “Nous devons réinterpréter le message de Jésus dans le cadre d’un dialogue avec toutes les religions de l’Inde », affirme le texte qui souhaite une insertion plus profonde de l’Eglise au sein de la vie de la population et de ses luttes. Les institutions chrétiennes et les structures administratives de l’Eglise devront être remodelées pour les mettre en accord avec la sagesse et les valeurs indiennes. Pour atteindre un tel objectif, les institutions éducatives ainsi que les centres de formation doivent s’efforcer de dispenser aux jeunes un enseignement concernant les principes de base de toutes les religions, de façon à ce que les générations à venir soient sensibles à l’harmonie des diverses composantes de la culture indienne.
Parallèlement à cet effort pour enraciner le christianisme dans la culture ancienne, les théologiens indiens ont mené une réflexion critique sur à propos duquel ils portent un jugement fort sévère. Ils qualifient, en effet, cette nébuleuse d’idées religieuses et nationalistes, d’idéologie dévoyée, anti-démocratique et artificielle. Le principe fondamental dont elle s’inspire, à savoir “une seule religion pour une seule nation”, est en contradiction évidente avec l’esprit même de la culture indienne qui a toujours visé l’unité à travers la diversité. La population indienne, en effet, appartient à six principaux groupes ethniques et professe six grandes religions. L’hindouisme est la première religion du pays avec 82,4 % du milliard d’habitants de l’Inde, suivie par l’islam et le christianisme. En conclusion, il est noté que est essentiellement un produit des milieux de hautes castes et que ce nationalisme dépourvu du sens de l’universel et d’humanisme véritable doit être dénoncé et rejeté.
Le texte accorde une certaine place à l’analyse des accusations dont les chrétiens sont l’objet de la part des groupes hindouistes, en particulier celles qui leur font grief de favoriser les activités anti-nationales et d’utiliser des fonds venant de l’étranger pour convertir les populations minoritaires et les pauvres. Le texte souligne alors les services éminents rendus au pays par les chrétiens dans les domaines de l’éducation, de la santé et du développement social. C’est le devoir des chrétiens que d’élever le niveau de la dignité humaine et de droits de l’homme, un devoir que leur dicte leur foi mais aussi leur citoyenneté indienne.
Les ambitions de l’Eglise en Inde ne sont pas d’ordre quantitatif. Celle-ci est prête à se dépouiller de tout triomphalisme, ‘exclusivisme’, esprit de supériorité pourvu que progresse le travail de l’amour de Dieu, conclut le document qui précise encore : “Notre force c’est le pardon, notre engagement c’est la vérité, la dignité humaine et la liberté pour tous. »