Eglises d'Asie

Tripura : des hommes armés ouvrent le feu sur une voiture, tuant un prêtre, blessant deux de ses confrères et le chauffeur

Publié le 18/03/2010




Le 25 juillet, trois prêtres et leur chauffeur circulant en voiture ont essuyé le feu de tireurs postés sur le bord de la route, à Balucherra, dans le district de Tripura-Nord de l’Etat de Tripura, au nord-est de l’Inde. L’un d’entre eux, le P. Victor Crasta, de la congrégation de la Sainte Croix, âgé de 41 ans, a été touché à mort. Les trois autres occupants de la voiture, le P. Paul Puthussery, de la même congrégation que la principale victime, le P. Albano Fernandes, prêtre diocésain, et le chauffeur ont été blessés et hospitalisés. Ils sont aujourd’hui hors de danger. Selon un communiqué publié par le diocèse, les prêtres se rendaient de Agartala, la capitale de l’Etat, dans l’Etat voisin du Mizoram où le P. Crasta venait d’être nommé curé de paroisse. L’embuscade a eu lieu à quelque 160 km d’Agartala.

Le diocèse d’Agartala auquel appartenait le prêtre défunt couvre la totalité du territoire de l’Etat du Tripura où des rebelles issus des minorités ethniques mènent depuis deux décennies une lutte pour l’indépendance. Le combat des séparatistes pour chasser de la région les populations non autochtones fait des centaines de morts chaque année. Les autorités de l’Etat ont aussitôt attribué l’embuscade à ces rebelles. Les responsables du diocèse, quant à eux, ont exprimé leur perplexité sur les raisons qui ont motivé l’attaque de ces trois prêtres du diocèse qui comporte seulement 13 250 catholiques pour une population de 2,75 millions d’habitants. C’est le premier prêtre à mourir de mort violente dans un diocèse pourtant en proie à un conflit ethnique depuis des dizaines d’années.

Le P. Crasta, originaire du Kerala, avait été ordonné prêtre en 1989. Il avait d’abord travaillé dans le diocèse d’Aizawl qui correspond à l’Etat du Mizoram. Il avait ensuite été vice-recteur de la maison des étudiants de la congrégation de la Sainte Croix, puis, en 1999, s’était rendu aux Philippines pour y poursuivre des études. Il venait de recevoir une nouvelle nomination.

Le jour de son enterrement auquel participaient plus de mille personnes, la plupart non chrétiennes, ainsi que 40 prêtres et plus de cinquante religieuses du diocèse, l’évêque du diocèse, Mgr Lumen Monteiro, a déclaré que le meurtre du prêtre ne nous détournera pas de notre engagement en faveur de la population de cette régionau contraire, il nous encouragera à travailler davantage pour les démunis, les pauvres et les illettrés Au cours de la cérémonie, la sour de la victime, une religieuses dominicaine, a déclaré publiquement que sa famille avait pardonné aux meurtriers et priait pour que Dieu éclaire les esprits et les cours ».

Selon les témoignages des prêtres blessés lors de l’incident, leur voiture était arrivée à la hauteur de rebelles armés qui essayaient d’enlever les passagers d’un autre véhicule. Les rebelles n’ont ouvert le feu sur les prêtres que lorsque le chauffeur, pris de panique, a essayé de faire marche arrière. Celui-ci, malgré de nombreuses blessures a réussi à conduire la voiture jusqu’au plus proche poste de police, à 20 km de là.