Eglises d'Asie

Les responsables chrétiens ne croient pas à la culpabilité des musulmans arrêtés pour des attentats à l’explosif dans des églises du sud de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Quarante musulmans ont été arrêtés depuis que, les 8 et 9 juin derniers, des bombes ont explosé à l’in-térieur de six églises du sud de l’Inde, dans les Etats d’Andhra Pradesh, du Karnataka, et à Goa. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs ou les complices de ces attentats destinés à détruire des lieux de culte et à créer ainsi une inimitié entre les divers groupes religieux. L’un des derniers interpellés, Syed Hasan Ur Zarma, officier de l’armée de l’air indienne, arrêté le 17 août dernier, est en outre, accusé d’avoir transmis au Pakistan des informations de grande importance concernant la défense nationale.

Selon la police, toutes les personnes arrêtées étaient en relation avec la secte musulmane Deendar Anjuman (‘Organisation pour le devoir’) et entretenaient des liens avec les groupes terroristes pakistanais accusés de vouloir déstabiliser l’Inde. Le commissaire de police B.N. Nagaraj qui mène l’enquête dans trois Etats affirme avoir assez de preuves pour démontrer que c’est la secte islamique qui est à l’origine des attentats et non pas un quelconque groupe pro-hindou. D’autres officiels tiennent des propos semblables. V.V. Bhaskar, adjoint au directeur de la police de l’Etat du Karnataka, où ont eu lieu certaines des explosions, déclare que de forts indices prouvent que ce sont les services spéciaux pakistanais qui ont organisé et réalisé les attentats à l’explosif dans les églises. La secte Deendar Anjuman ferait partie du dispositif mis en place par ces services. Cette secte fondée en 1929 pour unir musulmans et hindous aurait abandonné son orientation originelle et se comporterait maintenant comme une organisation extrémiste. Les responsables de la police de l’Andhra Pradesh tiennent également cette secte pour responsable. Au ministère fédéral de l’Intérieur, on laisse entendre également que l’implication du Pakistan dans cette affaire est certaine.

Le porte-parole de la Conférence épiscopale indienne a déclaré à l’agence Ucanews qu’il était possible que cette petite secte musulmane soit derrière quelques attentats, mais que l’on ne pouvait lui en attribuer l’ensemble. Depuis deux ans, la police n’a arrêté aucun des auteurs des attaques dirigées contre les chrétiens et les actuelles arrestations de musulmans sont hors de proportion avec leur responsabilité réelle. Selon les rapports de la police elle-même, la secte ne compte que 12 000 adeptes et n’est implantée que dans quelques villages du Karnataka et de l’Andhra Pradesh. L’Eglise est choquée, a affirmé le porte-parole, par le rôle manifestement exagéré que les autorités indiennes veulent faire jouer à cette secte, ainsi que par leur volonté de tenir les musulmans pour responsables du mouvement antichrétien ». C’est également l’avis du Conseil chrétien panindien dont le président Joseph D’Souza désapprouve la tentative du BJP d’absoudre les groupes pro-hindous. Il demande que l’on se souvienne que les violences anti-chrétiennes ont commencé avec la campagne de haine lancée par les nationalistes hindous. John Dayal, coordinateur du Forum chrétien uni pour les droits de l’homme, parle, lui, d’une tentative du BJP pour faire jouer le rôle de bouc émissaire à la communauté musulmane alors que les hindous fondamentalistes poursuivent leurs agressions anti-chrétiennes.

Pendant ce temps, les musulmans de la secte Deendar Anjuman démentent ces accusations avec la plus grande vigueur. Leur chef, Moulana Mohammed Osman Ali Mallana, affirme que son groupe n’a jamais entretenu de liens avec le Pakistan et que les accusations de la police sont diffamatoires à son égard. Par ailleurs, le responsable d’une association chargée de garantir les intérêts musulmans en Inde, Obaidualla Sharief, a publié un communiqué dans lequel il affirme que la secte ne fait pas partie de l’islam.