Eglises d'Asie

Ni l’Eglise, ni l’opposition politique ne croient aux nouvelles dispositions iréniques affichées par le parti au pouvoir lors de son dernier conseil national

Publié le 18/03/2010




Responsables d’Eglise et dirigeants de l’opposition ont éprouvé un certain désappointement à la lecture du communiqué publié par le parti aujourd’hui au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), à l’issue de son Conseil national qui s’est tenu à Nagpur du 27 au 28 août. Le P. Donald D’Souza, secrétaire adjoint de la Conférence épiscopale de l’Inde, a aussitôt réagi : “Nous nous attendions à ce que le communiqué contienne des éléments positifs et qu’il fournisse des assurances aux minorités ! » Au lieu de cela, le texte publié s’est contenté de dénoncer l’existence d’un complot visant à attribuer aux groupes hindous les violences anti-chrétiennes.

Le communiqué du BJP, en effet, a dirigé ses accusations sur le Pakistan et le groupe de ceux qu’il appelle des pseudolaïques leur faisant grief de mener une campagne de calomnies selon laquelle les chrétiens seraient les victimes des attaques des fondamentalistes hindous. Pourtant, poursuit la déclaration finale du Conseil national, cette position n’est plus tenable depuis les arrestations de musulmans impliqués dans les explosions qui ont eu lieu dans un certain nombre d’églises du sud de l’Inde (16). D’ailleurs, en dépit des terroristes musulmans qui cherchent à créer des tensions religieuses, la paix civile a été pour une large part maintenue. Durant la session du Conseil national, le Premier ministre Atal Behari Vajpayee et ses collègues du gouvernement ont réitéré plusieurs fois l’engagement de leur parti d’assurer la protection de tous les secteurs de la population.

Dans son commentaire du communiqué, le P. D’Souza a publiquement regretté que le BJP refuse de reconnaître le caractère systématique des attaques menées contre les chrétiens, au nombre de plus de 200 depuis que la coalition gouvernementale actuelle est au pouvoir. Cette position du BJP, a-t-il fait remarquer, est différente de celle du gouvernement où il est majoritaire puisque le ministre de l’Intérieur, Lal Kishenchand Advani, a lui-même reconnu devant le parlement que les agressions contre les institutions chrétiennes avaient augmenté d’une façon significative depuis que son parti assumait la charge de gouverner le pays. Les réactions de l’opposition politique ont été encore plus négatives que celles des représentants de l’Eglise. En particulier le Parti du Congrès qui a qualifié la résolution finale du BJP d’hypocrite, volontairement ambiguë, à double tranchant ». Si le BJP se souciait véritablement des minorités religieuses, a fait remarquer un des militants du Parti du Congrès, il demanderait pardon pour les actions entreprises contre elles.

D’une façon générale, les diverses critiques ont mis en cause la sincérité de la double orientation donnée au dernier conseil national du BJP par ses dirigeants, à savoir essayer de changer l’image de ce parti largement répandue dans l’opinion indienne le présentant comme une émanation des hautes castes, tout en s’efforçant de lui donner un visage plus avenant à l’égard des diverses minorités. C’est le premier objectif que visait la visite du Premier ministre, faite le premier jour de la session du conseil, au monument dédié au fameux dirigeant dalit Babasaheb Ambedkar qui, il y a quelque cinquante ans, s’était converti au bouddhisme avec des milliers de ses partisans pour protester contre l’injustice faite à sa communauté (17). Cette volonté de se rapprocher des intouchables fut particulièrement illustrée par l’élection, à la tête du Parti, de Bangaru Laxman, issu de la communauté des dalits (18).

Comme l’écrit un commentateur, tout au long des journées du Conseil national, le nouveau président s’est fait un devoir d’élever bien haut la branche d’olivier surtout à l’égard des musulmans et des minorités. Il a regretté publiquement la distance qui, ces dernières années, s’est instaurée entre son parti et les musulmans de l’Inde. Il a demandé aux membres du BJP de travailler au sein des minorités religieuses pour y faire disparaître la méfiance et les craintes. A un groupe de journalistes, il a fait remarquer qu’il était erroné de qualifier son groupement politique de parti nationaliste hindou d’extrême droite. Certes, a-t-il dit, le BJP est nationaliste, mais il n’est ni hindou, ni d’extrême droite. Son parti, a-t-il dit, ne se confond avec aucune communauté religieuse, linguistique ou culturelle déterminée. Au contraire, il cherche à s’enraciner davantage parmi les dalits, les musulmans, les chrétiens et les autres minorités.