Eglises d'Asie – Philippines
Tandis que les libérations d’otages se poursuivent au compte-gouttes, l’évêque de Jolo s’inquiète des conséquences d’une éventuelle action de l’armée philippine dans l’île
Publié le 18/03/2010
Selon Mgr Lampon, dont le vicariat apostolique couvre Jolo et les îles qui l’entourent ainsi que l’archipel de Tawi-Tawi, “les gens à Jolo et autour sont eux aussi captifs de ce petit groupe (Abu Sayyaf) ». L’évêque de Jolo raconte comment, le 25 août au soir, à la nuit tombée, alors qu’il s’arrêtait au volant de sa voiture pour saluer un responsable laïc de sa connaissance, celui-ci, un homme âgé, s’est mis “à trembler de peur, pensant que la voiture qui l’abordait s’arrêtait pour le kidnapper ». “On m’a dit qu’il tremblait encore lorsqu’il est rentré chez lui », poursuit Mgr Lampon, citant cette anecdote pour décrire le climat qui s’est installé depuis les prises d’otages menée par le groupe Abu Sayyaf. “Les gens, particulièrement les chrétiens, ont peur », conclue Mgr Lampon.
Depuis que des rançons importantes ont été versées, l’argent est plus abondant à Jolo, témoigne l’évêque de Jolo. De l’or a été acheté auprès des officines spécialisées et des armes neuves circulent en ville. Selon Mgr Lampon, le groupe Abu Sayyaf “a fourni des armes à de nombreux jeunes » et “les responsables des lycées et des universités de la ville rapportent que certains de leurs étudiants sont recrutés par Abu Sayyaf ». Bien que les problèmes liés à la drogue, aux armes et aux enlèvements soient récurrents dans l’île, le fait que des rançons aient été payées fait passer le message selon lequel “le crime paie », estime Mgr Lampon.
Sur les 700 000 habitants que comptent les deux provinces de Sulu (dont Jolo est la capitale) et de Tawi-Tawi, environ 13 000 sont chrétiens, la vaste majorité du reste de la population se réclamant de l’islam.