Eglises d'Asie

Timor occidental : selon l’évêque d’Atambua, la population au Timor occidental est victime et otage des milices est-timoraises pro-indonésiennes actives dans la province

Publié le 18/03/2010




Tout en condamnant en termes très fermes le récent assassinat de trois membres du personnel de l’ONU venus au Timor occidental pour aider la centaine de milliers d’Est-Timorais toujours réfugiés au Timor occidental, Mgr Anton Pain Ratu, évêque catholique d’Atambua, a déclaré que la vie des Timorais occidentaux est devenue très difficile dans la province. Les actions violentes menées par les milices pro-indonésiennes mêlées aux réfugiés est-timorais sont responsables de cet état de fait. “Les gens au Timor occidental vivent dans une peur perpétuelle. Ils se sentent comme prisonniers sur leur propre terre », a déclaré Mgr Pain Ratu (24).

Le 6 septembre, à Atambua, capitale de la province, quelques milliers de miliciens est-timorais pro-indonésiens s’en sont pris aux locaux du Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (UNHCR), assassinant à coups de machette trois de ses employés (un Américain, un Ethiopien et un Croate). Dans les heures et les jours qui ont suivi, une chasse aux personnes ‘coupables’ d’avoir aidé les membres de l’UNHCR dans leur tâche d’assistance aux camps de réfugiés a fait plusieurs nouvelles victimes. Il semble que l’incident à l’origine de cette flambée de violence soit le meurtre d’un chef de milice est-timoraise pro-indonésienne. Le 5 septembre, en effet, Olivio Mendosa Moruk, âgé de 45 ans et commandant des milices Laksaur (‘aigle’) et PPTT (‘les troupes de combat du Timor-Oriental’), a été tué, son corps décapité, son cour, son foie et ses parties génitales arrachés. Moruk faisait partie des 19 personnes formellement identifiées le 1er septembre par le procureur général indonésien et suspectées d’avoir pris une part directe aux violences qui ont ensanglanté le Timor-Oriental l’an dernier (25).

Après avoir rencontré le 7 septembre le commandant local des forces armées, le général Kiki Syahnakri, et le gouverneur de la province, Piet Alexander Tallo, Mgr Pain Ratu a déclaré : Une telle tragédie, de tels assassinats sans pitié ne se sont jamais produits ici auparavant. Ces actes sont audelà de la moralité et de l’éthique des habitants de cette région» Selon la plupart des observateurs, les autorités indonésiennes à Djakarta ne peuvent ou ne veulent reprendre le contrôle de la situation au Timor occidental. Après avoir promis à plusieurs reprises de fermer les camps de réfugiés est-timorais dans la province (26) et s’être engagé à faciliter le retour de ceux qui parmi les quelque 100 000 Est-Timorais présents au Timor occidental souhaiteraient repartir au Timor-Oriental, le gouvernement indonésien se montre incapable de mettre fin aux agissements des miliciens actifs dans la région. De New York, où il prenait part au Sommet du Millénaire, le dirigeant est-timorais Xanana Gusmao a accusé des éléments de l’armée [indonésienne] » d’être directement » responsables de ces assassinats. Depuis ces événements, les Nations Unies et les diverses ONG qui assistaient les réfugiés (27) ont retiré tous les membres de leur personnel du Timor occidental, laissant les 240 camps de réfugiés sans assistance extérieure.

Mgr Carlos X. Belo, administrateur apostolique du diocèse de Dili, au Timor-Oriental, s’est joint à Mgr Pain Ratu pour, au nom des catholiques de leurs diocèses respectifs, exprimer ses condoléances et prier pour les personnes assassinées et les membres de leurs familles. L’évêque d’Atambua a appelé toutes les personnes présentes au Timor occidental, tant les habitants de la province que les réfugiés, dont une forte proportion est catholique, à maintenir l’ordre et à se tenir à l’écart de tout acte de provocation qui conduirait à la ruine de la vie sociale et religieuse dans la région ».