Eglises d'Asie

Les évêques des diocèses touchés par les inondations témoignent de la gravité de la situation

Publié le 18/03/2010




Alors que s’amorce la décrue des eaux dans le delta du Mékong, c’est l’heure du bilan dans les régions ravagées par les inondations. Il est d’une exceptionnelle gravité dans plusieurs provinces tant pour le nombre de morts et de disparus que pour les pertes matérielles de toutes sortes. Les responsables des diocèses situés dans les zones inondées ont témoigné de l’importance de la catastrophe dans des lettres où ils sollicitent des secours. Les catholiques des diocèses épargnés ont su montrer leur solidarité.

Le lundi 25 septembre, les services compétents de Hô Chi Minh-Ville annonçaient un début de décrue des eaux dans le delta du Mékong pour la première fois depuis près de deux mois durant lesquels le niveau du fleuve n’a cessé de monter. Cependant celui-ci restait encore extrêmement élevé et la situation devrait rester préoccupante quelques jours encore. Le bilan des victimes et des dégâts des inondations est, sans doute, le plus catastrophique de ces quarante dernières années. Il s’est rapidement alourdi au cours de la fin du mois de septembre. Alors que, le 20 septembre, pour les trois provinces les plus touchées, à savoir Long An, Dông Thâp et An Giang, on estimait à 33 le nombre de morts du fait de l’inondation, quelque six jours plus tard, ce chiffre s’élevait à 120. Selon la Croix-Rouge et les autorités provinciales, la majorité des victimes sont des enfants, 100 sur 120. Plus de deux millions d’habitants de ces provinces du delta qui en comptent 16 millions ont eu leurs habitations inondées. Des milliers d’entre eux sont encore bloqués et isolés en proie à la faim et aux maladies. 420 écoles ont été fermées, certaines depuis plus d’un mois. Des dizaines de milliers d’hectares de riz sont définitivement perdus dans une région qualifiée de grenier à riz du pays.

C’est le diocèse de My Tho qui a été le plus touché. Il s’étend sur trois provinces où l’inondation a également sévi : Long An, Dông Thâp et Tiên Giang. Dans une lettre adressée le 22 septembre à ses compatriotes vietnamiens catholiques dans le pays et à l’étranger, l’évêque du lieu, Mgr Bui Van Dôc dresse le bilan provisoire des dégâts supportés par les catholiques du diocèse qui sont au nombre de plus de 100 000 pour une population de 4 millions d’habitants. “Selon des statistiques encore incomplètes, établies par le diocèse pour les paroisses catholiques (…), les inondations ont causé la perte de 1 000 hectares de riz et ont submergé environ 5 000 habitations. Le nombre de familles catholiques devant recevoir un secours d’urgence en nourriture sont au nombre de 2 700 La lettre mentionne que les services du diocèse ont entrepris la distribution de secours d’urgence aux victimes des inondations dans quatre districts de la province de Dông Thâp. L’évêque est allé lui-même faire la visite des sinistrés catholiques et non-catholiques de certaines régions de la province de Long An. Cependant les possibilités du diocèse étant extrêmement limitées, l’évêque en appelle à la générosité de tous les catholiques dans le pays et à l’étranger.

Une importante partie du diocèse de Long Xuyên, la province de An Giang, a également été très sévèrement touchée par la montée des eaux dans le delta du Mékong. Dans une communication écrite diffusée le 25 septembre par l’agence Vietcatholic News, l’évêque du lieu, Mgr J.B Bui Tuân raconte une tournée de deux jours effectuée par lui dans les régions sinistrées de son diocèse, le 14 et 15 septembre, jours où l’Eglise célèbre la croix du Christ et les sept douleurs de sa mère, rappelle-t-il. Il y exprime les sentiments éprouvés devant ce spectacle de désolation : “L’eau a envahi toute chose, écrit-il, comme si c’était la mer. Toutes les frontières se sont effacées. Tout est détruit… On s’accroche encore à quelque espoir, mais que de fatigues… ! En voyant les paillotes branlantes à moitié submergées par les eaux, les enfants abandonnés ou pelotonnés dans les bras de leur mères ou encore assis sur des planches avec des regards où se lit l’anxiété de l’attente, comment réprimer son émotion ?” L’évêque rappelle que la sympathie avec les sinistrés, la compassion doivent précéder et faire accepter la générosité des donneurs d’aide.

Les diocèses voisins ne sont pas restés indifférents et des contributions de toutes sortes ont été envoyées par eux aux régions sinistrées. Responsable de l’archidiocèse de Hô Chi Minh de qui dépendent les diocèses situés dans la région inondée, Mgr J.B. Pham Minh Mân, dès la mi-septembre, alertait par une lettre pastorale les catholiques de son diocèse de la gravité des faits. Il dressait pour eux un premier bilan des dégâts et sollicitait leur générosité pour les victimes. Une première collecte était prévu pour le 17 septembre, d’autres ont suivi. A Dalat, diocèse des hauts plateaux, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon organisait une collecte, le dimanche 24 septembre, au profit des diocèses sinistrés et demandait à ses fidèles de participer aux secours organisés sur le plan régional.