Eglises d'Asie

Moluques : les dirigeants des Eglises chrétiennes dénoncent le “complot” à l’origine des violences inter-communautaires dans l’archipel , visant à renverser le président Wahid

Publié le 18/03/2010




Après avoir rencontré le président Abdurrahman Wahid à Djakarta le 2 septembre, les dirigeants des Eglises chrétiennes aux Moluques ont dénoncé l’inefficacité de l’état d’urgence à ramener le calme dans l’archipel (11) et ont rappelé leur souhait de voir les Nations Unies s’engager dans la recherche d’une solution à la crise qui ravage cette partie de l’Indonésie depuis 20 mois (12). Selon eux, ce conflit est le fruit d’un “complot politique” réunissant des militaires, des extrémistes musulmans ainsi que des hommes politiques, nostalgiques de l’ère Suharto et désireux de renverser le gouvernement dirigé par A. Wahid.

Selon Mgr Petrus C. Mandagi, évêque d’Amboine, et cosignataire avec le révérend S.P. Titaley du communiqué publié à l’issue de cette rencontre avec le chef de l’Etat indonésien, les treize membres que comptait cette délégation ont expliqué au président Wahid que l’état d’urgence, décrété le 26 juin dernier, n’avait eu aucun effet pour améliorer la situation. Dans les semaines qui ont suivi, les attaques des musulmans ont redoublé. Les gouverneurs des provinces des Moluques et des Moluques septentrionales ont été incapables d’arrêter les musulmans “combattants de la guerre sainte” (13L’absence de coordination, voire de coopération, entre les responsables civils (les gouverneurs) et les militaires a encore aggravé la situation. Enfin, ajoute Mgr Mandagi, les liens qui unissent les forces de la guerre sainte et certains gradés sur le terrain sont évidents (14).

“Le gouvernement a failli à son devoir de faire respecter la loi aux Moluques”, affirment les responsables chrétiens. Par conséquent, l’intervention des Nations Unies est “nécessaire” sous la forme “d’une aide humanitaire, de l’envoi d’observateurs internationaux, d’une mission de maintien de la paix et d’une commission d’enquête indépendante”. Cette intervention de l’ONU est légitime car les comploteurs responsables du conflit aux Moluques “ont la capacité d’agir par-dessus le président lui-même. Le gouvernement légitime ne peut pas agir efficacement pour protéger et garantir les droits de ses citoyens aux Moluques”.

Selon ces dirigeants chrétiens, la cause du conflit aux Moluques est à rechercher du côté de ceux qui, réunis en un “complot politique”, veulent renverser le gouvernement Wahid. Ces conspirateurs utilisent l’étendard de la religion pour générer de l’instabilité, se positionner sur l’échiquier politique et finalement renverser le gouvernement Wahid, peut-on lire dans ce communiqué.

Ce même 2 septembre, le président Wahid a reçu dans la soirée une délégation de 19 musulmans des Moluques. Selon Amir Hamzah, dirigeant du Kelompok Kerja Maluku (Groupe de travail des Moluques), qui a organisé la visite de ces deux délégations auprès de la présidence, les délégués musulmans s’opposent à l’idée d’une intervention des Nations Unies aux Moluques. Roestam Kastor, un des 19 délégués, s’est déclaré insatisfait de cette rencontre, “chaque délégation prétendant détenir seule la vérité”.

Selon Mgr Mandagi, qui a assuré le président Wahid des bonnes dispositions des chrétiens envers les musulmans, le président indonésien a écouté attentivement et a promis de continuer à suivre de près la situation sur place, en se faisant communiquer tous les quinze jours un point sur l’état des Moluques.