Eglises d'Asie

Papouasie : les Papous d’Indonésie se disent victimes de discriminations et demandent l’indépendance pour leur province

Publié le 18/03/2010




Se sentant injustement traités par le gouvernement central, les Papous sont déterminés à se séparer de l’Indonésie pour devenir indépendant assure un de leurs représentants (20). Barnabas Suebu, ancien gouverneur de l’Irian Jaya (désormais appelée Papouasie), s’est adressé aux 2 000 participants d’un meeting pour affirmer que les Papous souffrent de la politique discriminatoire menée par les autorités indonésiennes. Du 25 au 26 août, la rencontre sur le thème “Défense et consolidation de la paix en Indonésie orientale” s’est tenue au grand séminaire diocésain St Pierre, à Ritapiret, dans le district de Maumere. Les Papous sont déçus de voir le pouvoir central utiliser à son seul profit la production et les ressources naturelles de la Papouasie, a déclaré Suebu à l’occasion de ce meeting organisé conjointement par Lembaga Lintas Timur de Djakarta, le gouvernement provincial de la province de Nusa Tenggara oriental et l’Ecole de philosophie et de théologie de Ledalero.

“Les gens disent qu’ils ont donné la plus grande partie de leurs ressources naturelles au pays, mais que leur vie n’a pas beaucoup changé. Ils sont restés pauvres sur leurs terres riches”, a précisé Suebu, actuellement ambassadeur à Mexico mais désigné par le gouvernement pour présider une commission chargée de faire la médiation entre le gouvernement central et le peuple papou. “En matière fiscale, a-t-il continué, 90 % des revenus de la province sont envoyés à Djakarta et seuls les 10 % restant demeurent dans la province». Les Papous se sentent abandonnés par le programme gouvernemental d’implantation de populations nouvelles : “Le gouvernement s’occupe des migrants qui viennent d’autres provinces mais tourne le dos aux Papous indigènes”.

Selon Suebu, qui est de confession protestante, la majorité des Papous sont chrétiens mais la plus grande part des fonds accordés par le ministère des Affaires religieuses pour la construction de lieux de cultes dans la province va aux mosquées. Avant tout, a-t-il dit, les Papous se sentent dépossédés de leurs droits coutumiers sur leurs terres : “Nous avons été opprimés et beaucoup des nôtres ont été tués quand ils ont osé revendiquer haut et fort leurs droits”. Nombreux sont les Papous qui rejettent le résultat du référendum de 1969 transférant la Nouvelle Guinée occidentale, colonie hollandaise, à l’Indonésie. Les Papous, a-t-il ajouté, ne se sentent pas appartenir à l’Indonésie, même s’ils y sont rattachés depuis plus de 30 ans.

“Tous les Papous, quelles que soient leurs classes sociales, sentent qu’ils sont différents des autres Indonésiens”. Il est bien connu que l’Indonésie est composée de différents groupes ethniques de cultures différentes, “mais les Papous sentent que leurs différences font qu’il n’est pas possible pour eux de vivre avec d’autres en tant que nation”, a ajouté Suebu qui a rappelé que le récent Congrès papou de Jayapura, capitale de la province, avait exprimé le désir de se séparer de l’Indonésie. Il a cependant conclu : « Les Papous déclarent qu’ils veulent lutter pour l’indépendance mais ce sera par des moyens corrects, méthodiques et pacifiques parce que nous sommes convaincus de combattre pour la vérité et la justice”.