Eglises d'Asie

Six fidèles du bouddhisme hoa hao sont condamnés à des peines de prison pour avoir abusé des droits démocratiques

Publié le 18/03/2010




Dans la matinée du mardi, 26 septembre, au tribunal de la province de An Giang, à l’issue d’un procès qui n’a duré que quelques heures, six fidèles du bouddhisme hoa hao ont été condamnés à des peines diverses. Les deux principaux accusés, Nguyên Chau Lang et Tran Van Be Cao, ont été condamnés à trois ans de prison. Une peine de deux ans a été infligée à trois autres tandis que le sixième se voyait condamné à un an de prison. Divers chefs d’accusations avaient été retenus contre eux que le tribunal a ainsi énumérés : “avoir abusé des droits démocratiques, troublé l’ordre social et s’être opposé à des missions publiques”.

Les six accusés avaient été arrêtés à la fin du mois de mars dernier (27). Quelque temps avant, le 20 mars, l’un d’entre eux, Truong Van Thuc, et dix autres fidèles hoa hao avaient envoyé une plainte au Premier ministre et au secrétaire général du Parti communiste pour protester contre les brutalités policières à leur égard et demander la libération de trois fidèles emprisonnés. Mais leur arrestation était surtout destinée à empêcher la fameuse célébration de l’anniversaire de la mort du fondateur du bouddhisme hoa hao, Huynh Phu So (28), qui avait été programmé pour le 30 mars. Le temple ancestral (Tô Dinh), lieu de naissance du fondateur, où devait avoir lieu la cérémonie avait été entourée d’un cordon policier qui en empêchait l’accès.

Selon un communiqué publié par le Bureau hoa hao aux Etats-Unis, le lundi 25 septembre, veille du procès, avait eu lieu une manifestation de plusieurs milliers de fidèles hoa hao venus protester contre le procès et l’oppression exercée par le gouvernement contre le bouddhisme hoa hao. Selon l’ancien dirigeant de la secte, M. Lê quang Liêm, interviewé par la Deustche Presse Agentur, des centaines de fidèles à bord de bateaux à moteur ou à rames ont remonté le cours menaçant du Mékong jusqu’à Long Xuyên, chef-lieu de province de An Giang, pour y manifester devant la prison de Bang Lang où étaient détenus dix de leurs coreligionnaires. Là ils ont été stoppés et ensuite dispersés par des policiers en bateaux. Les autorités régionales ont confirmé ces faits à la presse étrangère et ajouté que les manifestants avaient été immédiatement dispersés sans qu’aucune arrestation ne soit réalisée.

Dans un article récent paru dans la revue idéologique du Parti communiste vietnamien (Tâp Chi Công San, n° 6, 2000, pp. 11-13) (29), Lê Quang Vinh, directeur du bureau des Affaires religieuses, note que c’est tout récemment, en 1999, qu’a commencé le processus de récupération de cette religion par l’Etat. Après une longue période durant laquelle la religion hoa hao n’a pratiquement pas eu d’existence officielle, les autorités vietnamiennes ont approuvé et patronné le 26 mai 1999, dans la province de An Giang, la réunion d’un congrès auquel participaient, selon vietnamienne de presse, environ 120 délégués choisis parmi les adeptes de cette religion (30). Le gouvernement y était représenté par Lê Quang Vinh, chef du bureau des Affaires religieuses du gouvernement, et par des délégués des autorités provinciales. A l’issue de ce congrès, un comité d’administration de onze membre a été élu, dont la présidence a été donnée à Nguyên Van Tôn, aussi appelé Muoi Tôn. De nombreux protestataires qui, depuis, n’ont cessé de manifester et de faire entendre leurs voix accusent ce dernier d’être un cadre communiste, travaillant au sein du Front patriotique et du Conseil populaire provincial.

A la fin du mois de juin 1999, pour la première fois depuis le changement de régime, les bouddhistes hoa hao avaient pu célébrer le saint jour de la commémoration de la fondation de leur Eglise. Près d’un million de fidèles y avaient participé, a-t-on rapporté. L’Etat vietnamien aurait essayé de limiter le nombre de participants par divers moyens (31).