Eglises d'Asie – Inde
Une enquête menée à l’occasion de l’année sainte donne une image contrastée de l’Eglise catholique en Inde
Publié le 18/03/2010
De nombreux sujets ont été abordés dans les questions posées au cours de l’enquête. Ces dernières concernaient l’image de l’Eglise auprès de la population, la façon d’envisager la participation et la coresponsabilité chez les catholiques, le rôle des femmes dans l’Eglise, la place de l’Ecriture dans les familles catholiques. L’enquête portait aussi sur les relations entre les trois rites de l’Eglise en Inde, sur les liens de celle-ci avec les autres dénominations et les autres religions. Il y était également question de l’attitude de l’Eglise devant la situation socio-politique et culturelle du pays, de la relation entre l’évangélisation et la proclamation et enfin du fonctionnement actuel des travailleurs d’Eglise.
Les faiblesses et les lacunes d’une grande partie du laïcat et de quelques prêtres apparaissent clairement dans le rapport rédigé à partir des réponses à l’enquête, tel que le P. Sebasti Raj, coordinateur de l’enquête, l’a présenté à l’Assemblée nationale de l’Eglise, le 20 septembre dernier. Selon lui, la majorité du laïcat indien est encore très peu familier avec les enseignements du Concile, 35 ans après sa tenue. Beaucoup n’ont pas encore pris conscience de l’importance du rôle missionnaire de l’Eglise et de l’éducation de la foi, telle que les textes de Vatican II l’ont soulignée. Par ailleurs, beaucoup de réponses aux questions de l’enquête ont noté que, contrairement aux encouragements du Concile, les catholiques indiens ne manifestent qu’un intérêt limité pour les autres dénominations chrétiennes et autres religions, même s’ils se montrent d’une façon générale tolérants et respectueux à leur égard. 50 % d’entre eux n’éprouvent aucune attirance pour le dialogue ocuménique.
D’autres traits négatifs apparaissent également dans le dépouillement de l’enquête. Selon le P. Raj, l’absence de profondeur spirituelle est flagrante chez beaucoup de prêtres et religieux. D’une façon générale, l’image donnée d’elle-même par l’Eglise de l’Inde est celle d’une institution possédant argent et pouvoir, même, note l’enquête, si elle ne se présente pas ouvertement en faveur des riches. Un tel état de choses, note le compte-rendu de l’enquête, exige de l’Eglise un renouvellement radical qui, seul, lui permettra d’avoir un impact significatif sur la société indienne.
Cependant, le rapporteur de l’enquête a reconnu que quelques orientations plus positives se dessinent derrière certaines des réponses recueillies. Certaines d’entre elles concernent l’image de l’Eglise, volontiers représentée comme un sacrement, une dispensatrice du don de Dieu, une assemblée animée de l’Esprit. Pour beaucoup de réponses, l’Eglise s’est naturellement rangée du côté du pauvre et est considérée comme la conscience du pays. Malgré une certaine indifférence à la profonde rénovation apportée par Vatican II, certaines de ses innovations ont été bien accueillies et sont ressenties comme des améliorations. Il en est ainsi pour la popularisation de la Bible, la participation à la liturgie, l’adaptation à la culture locale et l’emploi des langues vernaculaires.