Eglises d'Asie

Une enquête menée à l’occasion de l’année sainte donne une image contrastée de l’Eglise catholique en Inde

Publié le 18/03/2010




Une enquête au sujet de l’impact du Concile de Vatican II sur l’Eglise de l’Inde a été menée auprès des catholiques de l’Inde par le Comité national du Jubilé de l’an 2000, en vue d’être présentée à l’Assemblée nationale de l’Eglise en Inde qui se tenait à Bangalore à partir du 20 septembre dernier (9). Le recueil des données qui s’est prolongé durant 11 mois et s’est achevé à la fin du mois de juillet dernier a été effectué auprès 1 892 personnes réparties dans 52 des 143 diocèses de l’Inde. D’une façon générale, les résultats font apparaître que la plupart des catholiques ignorent les implications du Concile sur leur vie chrétienne ou y restent insensibles.

De nombreux sujets ont été abordés dans les questions posées au cours de l’enquête. Ces dernières concernaient l’image de l’Eglise auprès de la population, la façon d’envisager la participation et la coresponsabilité chez les catholiques, le rôle des femmes dans l’Eglise, la place de l’Ecriture dans les familles catholiques. L’enquête portait aussi sur les relations entre les trois rites de l’Eglise en Inde, sur les liens de celle-ci avec les autres dénominations et les autres religions. Il y était également question de l’attitude de l’Eglise devant la situation socio-politique et culturelle du pays, de la relation entre l’évangélisation et la proclamation et enfin du fonctionnement actuel des travailleurs d’Eglise.

Les faiblesses et les lacunes d’une grande partie du laïcat et de quelques prêtres apparaissent clairement dans le rapport rédigé à partir des réponses à l’enquête, tel que le P. Sebasti Raj, coordinateur de l’enquête, l’a présenté à l’Assemblée nationale de l’Eglise, le 20 septembre dernier. Selon lui, la majorité du laïcat indien est encore très peu familier avec les enseignements du Concile, 35 ans après sa tenue. Beaucoup n’ont pas encore pris conscience de l’importance du rôle missionnaire de l’Eglise et de l’éducation de la foi, telle que les textes de Vatican II l’ont soulignée. Par ailleurs, beaucoup de réponses aux questions de l’enquête ont noté que, contrairement aux encouragements du Concile, les catholiques indiens ne manifestent qu’un intérêt limité pour les autres dénominations chrétiennes et autres religions, même s’ils se montrent d’une façon générale tolérants et respectueux à leur égard. 50 % d’entre eux n’éprouvent aucune attirance pour le dialogue ocuménique.

D’autres traits négatifs apparaissent également dans le dépouillement de l’enquête. Selon le P. Raj, l’absence de profondeur spirituelle est flagrante chez beaucoup de prêtres et religieux. D’une façon générale, l’image donnée d’elle-même par l’Eglise de l’Inde est celle d’une institution possédant argent et pouvoir, même, note l’enquête, si elle ne se présente pas ouvertement en faveur des riches. Un tel état de choses, note le compte-rendu de l’enquête, exige de l’Eglise un renouvellement radical qui, seul, lui permettra d’avoir un impact significatif sur la société indienne.

Cependant, le rapporteur de l’enquête a reconnu que quelques orientations plus positives se dessinent derrière certaines des réponses recueillies. Certaines d’entre elles concernent l’image de l’Eglise, volontiers représentée comme un sacrement, une dispensatrice du don de Dieu, une assemblée animée de l’Esprit. Pour beaucoup de réponses, l’Eglise s’est naturellement rangée du côté du pauvre et est considérée comme la conscience du pays. Malgré une certaine indifférence à la profonde rénovation apportée par Vatican II, certaines de ses innovations ont été bien accueillies et sont ressenties comme des améliorations. Il en est ainsi pour la popularisation de la Bible, la participation à la liturgie, l’adaptation à la culture locale et l’emploi des langues vernaculaires.